La pratique du torchage, qui consiste à brûler du gaz naturel lors de l’extraction pétrolière, a franchi un nouveau seuil en 2024. Le volume global a atteint 151 milliards de mètres cubes, en hausse de 3 milliards par rapport à l’année précédente, ce qui représente la plus forte augmentation observée depuis 2007. Cette progression traduit un gaspillage énergétique évalué à 63 milliards USD ($63bn), soit l’équivalent de la consommation annuelle de gaz du continent africain.
L’impact du torchage sur les marchés et l’industrie
Les neuf principaux pays responsables du torchage demeurent à l’origine des trois quarts des volumes globaux, bien qu’ils ne représentent que moins de la moitié de la production pétrolière mondiale. Selon les données satellitaires analysées dans le rapport annuel Global Gas Flaring Tracker, l’intensité du torchage – c’est-à-dire le volume de gaz brûlé par baril de pétrole extrait – reste stable à un niveau élevé depuis quinze ans. Cette tendance persistante continue de générer 389 millions de tonnes d’équivalent CO₂, dont 46 millions de tonnes issues du méthane non brûlé.
Initiatives sectorielles et résultats contrastés
Les pays engagés dans l’initiative Zero Routine Flaring by 2030 (ZRF) affichent de meilleurs résultats que les autres. Depuis 2012, les États ayant adhéré à ce programme ont réduit leur intensité de torchage de 12%, tandis que ceux non engagés ont vu cette intensité augmenter de 25%. Les entreprises et gouvernements qui participent à la Global Flaring and Methane Reduction Partnership (GFMR) ont bénéficié de subventions, d’assistance technique et d’appui en matière de réglementation.
Projets ciblés et perspectives de réduction
En Ouzbékistan, par exemple, la Global Flaring and Methane Reduction Partnership a attribué 11 millions USD ($11mn) pour la détection et la réparation des fuites de méthane sur le réseau de transport de gaz, réduisant ainsi les émissions annuelles de 9 000 tonnes, avec un objectif potentiel de 100 000 tonnes par an. D’autres projets de ce type se développent pour transformer ce gaz jusqu’ici perdu en une ressource exploitable au service du secteur énergétique.
La persistance du torchage place l’industrie face à des défis opérationnels et financiers, alors que la demande mondiale de gaz naturel continue d’augmenter et que de nombreux pays recherchent une plus grande sécurité d’approvisionnement. Le maintien à un niveau aussi élevé du gaspillage de gaz soulève des interrogations sur l’efficacité des dispositifs existants et sur la capacité du secteur à valoriser ces ressources pour accompagner la croissance énergétique mondiale.