Le Tchad a annoncé jeudi la nationalisation de tous les actifs de la société Esso Tchad, une ex-filiale du géant américain des hydrocarbures ExxonMobil, que N’Djamena conteste la vente récente à une compagnie britannique, Savannah Energy PLC. Cette dernière a vivement réagi à cette décision dans un communiqué, dénonçant une violation directe des conventions internationales et un arbitrage récent en sa faveur de la Chambre internationale de commerce de Paris (ICC).
Selon le décret signé par le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, « sont nationalisés tous les actifs et tous les droits de toute nature découlant des conventions, permis de recherche, autorisations d’exploitation et autorisations de transport des hydrocarbures de la société Esso Exploration and Production Chad Inc. ». Le gisement de Doba dans le sud du pays, des concessions dans certains champs, la vente du pétrole extrait et une participation dans le pipeline Tchad-Cameroun sont ainsi concernés par cette nationalisation.
En décembre 2022, Savannah Energy avait annoncé la cession de la totalité des actifs de la filiale Esso Exploration and Production Chad Inc. par ExxonMobil. Cette vente avait été contestée immédiatement par le Tchad, affirmant qu’elle avait été réalisée en dépit des objections expresses du gouvernement tchadien et au mépris de son droit de préemption. L’affaire avait été portée devant la ICC qui avait arbitré le 7 janvier en faveur de Savannah Energy.
Le ministre tchadien du Pétrole, Djerassem Le Bemadjiel, n’a pas encore commenté les raisons de cette nationalisation, mais le ministère avait déjà justifié l’opposition à la vente des actifs en décembre dernier, arguant que « le gisement de Doba et le pipeline Tchad-Cameroun constituent des actifs vitaux et souverains pour le Tchad, ils ne sauraient être mis en péril par une opération irrégulière ».
Cette nationalisation intervient alors que Savannah Chad Inc’s., la nouvelle appellation d’Esso Tchad, avait déjà stoppé le déclin de la filiale d’ExxonMobil et avait lancé des investissements pour accroître de manière substantielle la production quotidienne moyenne qui avait atteint 29 349 barils depuis le 9 décembre 2022. La décision du Tchad pourrait entraîner une poursuite judiciaire de la part de Savannah Energy, qui conteste la nationalisation des actifs et la remise en cause de l’arbitrage en sa faveur.
Le Tchad, qui est devenu producteur et exportateur de pétrole depuis 2003, est très dépendant des bénéfices tirés des hydrocarbures, qui représentent 11,33 % de son PIB en 2020 selon la Banque mondiale.
En conclusion, la nationalisation des actifs d’Esso Tchad par le gouvernement tchadien marque un tournant dans l’histoire de l’industrie pétrolière du pays. Cette décision, qui fait suite à une vente contestée à une compagnie britannique, montre la volonté du Tchad de protéger ses actifs vitaux et souverains.