Le Tadjikistan, pays dépendant de ses ressources hydroélectriques pour l’alimentation en électricité, impose des restrictions d’électricité depuis le 22 septembre en raison d’une pénurie d’eau. Cette décision résulte d’une forte diminution des précipitations, compromettant la capacité des centrales à générer suffisamment d’énergie pour répondre aux besoins de la population et des secteurs industriels. En Asie centrale, la raréfaction des ressources en eau constitue un défi de taille, particulièrement pour les pays dont l’économie repose en grande partie sur l’hydroélectricité.
Les réserves d’eau de la rivière Vakhch, essentielle pour l’approvisionnement des principales infrastructures hydroélectriques du pays, ont chuté de manière significative. En conséquence, la centrale hydroélectrique de Nourek, qui alimente plus de la moitié des dix millions d’habitants du Tadjikistan, fonctionne à une capacité réduite. Le déficit de production électrique est estimé à plus d’un milliard de kilowattheures, un chiffre préoccupant alors que la demande en énergie augmente à l’approche de l’hiver.
La dépendance à l’hydroélectricité
Le Tadjikistan tire la majorité de son électricité de l’hydroélectricité, un atout qui pourrait se transformer en vulnérabilité dans le contexte de l’actuelle crise hydrique. Les faibles précipitations hivernales et la hausse des températures mettent à mal les quelque 20 000 glaciers du pays, sources cruciales pour alimenter ses cours d’eau. Ces conditions dégradées ne permettent pas la régénération nécessaire des réserves d’eau, accentuant le stress hydrique sur les installations hydroélectriques.
En dépit des problèmes actuels, le Tadjikistan continue de miser sur le développement de projets hydroélectriques comme solution à long terme. Le barrage de Rogoun, un projet phare du gouvernement, est censé devenir l’un des plus grands barrages du monde une fois terminé. Ce projet est présenté par le président Emomali Rakhmon comme un levier stratégique pour atteindre l’indépendance énergétique et renforcer les capacités d’exportation d’électricité vers les pays voisins.
Les défis de la coopération régionale
L’Asie centrale, région autrefois coordonnée sous le système énergétique soviétique, peine à restaurer une véritable coopération entre ses républiques pour gérer conjointement les ressources en eau et en électricité. Le système historique d’échange entre l’eau et l’électricité, qui permettait aux républiques de la région de combler les écarts d’approvisionnement, est aujourd’hui affaibli par des tensions politiques et des infrastructures vieillissantes. Pour les pays comme le Tadjikistan, la nécessité de restaurer ces mécanismes devient de plus en plus cruciale, surtout en période de pénuries.
Le manque de collaboration régionale accentue les problèmes internes du Tadjikistan, qui subit régulièrement des pénuries d’énergie malgré un potentiel hydroélectrique encore sous-exploité. La restauration de cette coopération nécessiterait des investissements importants dans la modernisation des infrastructures et une volonté politique de surmonter les différends historiques.
Le poids des infrastructures vieillissantes
Les infrastructures énergétiques du Tadjikistan, en particulier les centrales construites durant l’ère soviétique, montrent aujourd’hui leurs limites face à l’évolution rapide des besoins en énergie et des aléas climatiques. La centrale de Nourek, bien qu’étant un pilier de l’approvisionnement en électricité, peine à maintenir une production suffisante, en grande partie à cause de la baisse des niveaux d’eau dans son réservoir. Cette situation met en lumière l’urgence de rénover les infrastructures existantes et de poursuivre le développement de nouvelles installations capables de mieux gérer les ressources en eau.
Le barrage de Rogoun, bien qu’encore en construction, est perçu comme une solution à ces défis structurels. Cependant, les retards accumulés et les incertitudes financières autour de ce projet ralentissent son achèvement. Le gouvernement reste optimiste sur les retombées économiques et énergétiques de ce projet, mais il n’apportera pas de réponse immédiate à la crise actuelle.
Perspectives énergétiques et incertitudes
Alors que le Tadjikistan continue de naviguer entre pénuries d’eau et crises énergétiques, les perspectives à court terme restent incertaines. L’efficacité des politiques énergétiques du gouvernement, notamment en matière d’investissement dans de nouveaux projets comme Rogoun, reste à prouver. De plus, la coopération régionale, indispensable pour une gestion optimale des ressources, demeure fragile dans un contexte où chaque pays cherche à sécuriser son propre approvisionnement.
Le Tadjikistan se trouve à un tournant décisif de sa gestion énergétique, avec la nécessité de renforcer ses infrastructures, de diversifier ses sources d’énergie, et d’assurer une meilleure collaboration avec ses voisins. Dans l’immédiat, les restrictions d’électricité imposées à la population pourraient devenir plus fréquentes si la situation hydrique ne s’améliore pas rapidement.