Le Tadjikistan a promulgué une loi pénale sanctionnant sévèrement les fraudes à l’électricité, avec des peines pouvant atteindre dix ans de prison. Cette décision, publiée par le ministère de l’Énergie et des ressources hydriques le 5 avril, répond aux directives du président Emomali Rakhmon. Elle survient alors que le pays subit une crise énergétique chronique aggravée par le manque d’eau dans les rivières alimentant ses centrales hydroélectriques. Celles-ci fournissent environ 95 % de l’électricité nationale, mais ne peuvent satisfaire la demande croissante en période hivernale.
Cette mesure figure parmi les premières lois adoptées par le Parlement nouvellement élu en mars, dominé par le Parti démocratique populaire du Tadjikistan, au pouvoir depuis plus de trois décennies. Elle vise les manipulations de compteurs et les branchements illégaux, considérés comme une menace directe pour la stabilité économique. Le président Rakhmon avait déjà exprimé son inquiétude le 27 mars face aux pertes électriques « supérieures à la norme » enregistrées pendant l’hiver 2024-2025.
Encadrement légal et contrôle renforcé
Le ministre de la Justice a accusé début avril certaines entreprises et particuliers de contourner les dispositifs de mesure pour éviter les paiements, estimant ces pratiques responsables d’importants préjudices économiques. Dans un pays où le revenu mensuel moyen avoisine 220 euros, ces fraudes sont souvent perçues comme une nécessité économique. Toutefois, le gouvernement entend préserver les ressources limitées du réseau énergétique par une répression accrue des infractions.
Le rationnement énergétique est une pratique annuelle au Tadjikistan, imposée sur une période de six mois. Le réseau vétuste, combiné à une production insuffisante liée aux faibles précipitations, rend les infrastructures actuelles inadaptées aux besoins nationaux.
Un projet stratégique toujours en attente
Le projet hydroélectrique de Rogoun représente l’élément central de la stratégie énergétique du gouvernement. Ce barrage de 335 mètres, initié en 1976 sous l’Union soviétique, est conçu pour générer 3.600 mégawatts, soit l’équivalent de trois réacteurs nucléaires. Relancé par Emomali Rakhmon, le projet est présenté comme une priorité nationale. Toutefois, malgré des investissements dépassant désormais 6 milliards de dollars, la mise en service complète reste incertaine.
La pression exercée sur les utilisateurs du réseau traduit la volonté du gouvernement de sécuriser ses infrastructures existantes tout en cherchant à achever un projet censé répondre durablement aux besoins énergétiques du pays.