Le gouvernement du Suriname a mis en place un programme baptisé « Royalties pour tous », distribuant une prime individuelle de $750 (environ €665) à l’ensemble des citoyens nés avant le 1er janvier 2025. Le financement repose sur les revenus futurs attendus de la production pétrolière offshore, bien que celle-ci ne démarre qu’en 2028. Le ministre des Finances, Stanley Raghoebarsing, a déclaré que ce mécanisme excluait tout recours à l’endettement ou à l’hypothèque des recettes à venir.
Le programme s’applique à 572 186 citoyens et prévoit un taux d’intérêt annuel de 7% pour les comptes non utilisés. Une prime complémentaire de $150 (environ €135) sera versée à ceux qui n’effectuent aucun retrait. Seuls les citoyens âgés de plus de 60 ans et les personnes en situation de handicap pourront retirer les fonds immédiatement. Les autres, y compris les mineurs, devront attendre 2028, date à laquelle les premières recettes pétrolières seront perçues.
Un dispositif structuré après la décision d’investissement de TotalEnergies
Le programme a été conçu par le cabinet-conseil français Lazard en juillet 2024. Son officialisation est intervenue après l’annonce, en octobre, par le groupe TotalEnergies, de sa décision finale d’investissement dans le champ offshore GranMorgu. Situé en eaux profondes au large du Suriname, le projet bénéficie d’un engagement de $10,5bn (€9,3bn) sur quatre ans, pour une entrée en production prévue en 2028.
Le président Chan Santokhi avait annoncé l’initiative en novembre 2024, la présentant comme une restitution directe d’une part des futurs revenus pétroliers à la population. À moins d’un mois des élections législatives prévues le 25 mai, au cours desquelles M. Santokhi brigue un second mandat, le ministre des Finances a toutefois affirmé que ce programme n’avait aucun lien avec le calendrier électoral.
Accès différé et promesse de neutralité budgétaire
Selon les modalités établies, la majorité de la population bénéficiera du versement en différé à partir de 2028, une fois les revenus pétroliers effectivement encaissés. Le gouvernement a précisé que cette structuration garantissait la soutenabilité du mécanisme sans alourdir la charge sur les générations futures.
« Il ne s’agit pas d’emprunts sur des dettes futures, ni de prêts, ni de la vente ou de l’hypothèque des revenus pétroliers futurs », a précisé Stanley Raghoebarsing lors de la présentation du dispositif. Il a ajouté que le programme est mis en œuvre de manière à ne pas compromettre la stabilité économique à long terme du pays.