Le géant suisse Glencore annonce jeudi que son offre de fusion avec Teck Resources « tient toujours » au lendemain d’un revers pour le groupe canadien qui a retiré à la dernière minute son projet de scission de ses activités dans le charbon. Parallèlement, le groupe suisse actif dans le négoce des matières premières et l’extraction minière a aussi annoncé des investissements dans des activités du norvégien Norsk Hydro.
Bras de fer entre les deux entreprises
En plein bras de fer avec Glencore, Teck Resources, un des plus grands groupes miniers au Canada, a annoncé mercredi le retrait de son projet de scission qui prévoyait de regrouper d’un côté les métaux et de l’autre le charbon métallurgique, juste avant son assemblée générale. Les actionnaires de Teck Resources devaient voter sur ce projet annoncé en février mais qui a été perturbé entre-temps par une offre de Glencore, rejetée à deux reprises par le groupe canadien. Dans un communiqué, Glencore a dit prendre note de la décision de Teck Resources de retirer son projet et confirmé que sa « proposition tient toujours ». Le groupe suisse espére maintenant que les dirigeants de Teck Resources « s’engagent de manière constructive pour explorer pleinement » sa proposition, « ce qui n’a pas été fait jusqu’à présent », souligne-t-il. Mais Glencore a averti qu’il « reste disposé à faire une offre directement aux actionnaires de Teck » si le conseil d’administration n’engage pas des discussions.
Début avril, le groupe suisse avait dévoilé une offre valorisant Teck Resources à plus de 22,5 milliards de dollars (20,3 milliards d’euros). Il proposait au groupe canadien de rassembler leurs activités, puis de les scinder en deux entreprises, l’une appelée MetalsCo pour les métaux, l’autre appelée CoalCo pour le charbon. Les dirigeants de Teck Resources avaient refusé, notamment parce qu’un tel rapprochement ferait entrer dans ses activités le charbon thermique de Glencore, beaucoup plus contesté que le charbon métallurgique pour sa contribution au changement climatique.
Chances « plus élevées » d’aboutir
Le 11 avril, Glencore avait amélioré son offre en proposant aux actionnaires de Teck Resources qui souhaitent sortir du charbon de recevoir 24% de MetalsCo ainsi qu’un versement en numéraire d’un montant total de 8,2 milliards de dollars. Devant un deuxième refus, il s’était adressé directement aux actionnaires de Teck Resources dans une lettre ouverte publiée le 19 avril. Il leur avait assuré qu’il pouvait encore améliorer son offre. « Clairement », le conseil d’administration Teck a réalisé qu’il n’obtiendrait « pas l’aval des actionnaires » et a retiré son projet pour éviter « un embarras encore plus grand », a réagi Varun Sikka, analyste chez Baader Helvea dans un commentaire boursier. « Et maintenant les chances du groupe suisse de voir son offre passer, sans le risque de sur-payer, sont plus élevées », ajoute-t-il. La marge de négociation de Glencore s’est encore « un peu améliorée », juge l’analyste qui craignait que Glencore ne paye trop cher pour s’en emparer.
Teck Resources avait l’appui pour son projet de ses actionnaires de classe A, qui détiennent davantage de droits de vote. Mais China Investment Corp, qui détient 10% des actions de classe B, serait favorable à l’offre de Glencore, avait rapporté l’agence Bloomberg, citant des sources proches sans les nommer. Les sociétés de conseils aux actionnaires Glass Lewis et ISS avaient également appelé à voter contre ce projet. Mercredi, le directeur général de Teck Resources, Jonathan Price, a dit vouloir opter pour un projet plus simple à mettre en oeuvre à l’avenir tout en réaffirmant que les propositions de Glencore restent « irrecevables ». A 11H17 GMT, l’action Glencore cédait 0,89% alors que le FTSE100, l’indice de la Bourse de Londres où le groupe suisse est coté, se repliait de 0,09%. Dans un communiqué séparé, Glencore a annoncé jeudi une prise de participation dans deux activités du groupe norvégien Norsk Hydro. Il compte acquérir 30% dans la raffinerie d’aluminium Alunorte et 45% de Mineracão Rio do Norte, qui exploite une carrière de bauxite au Brésil.