Le Sri Lanka a officiellement décidé de révoquer un contrat d’achat d’électricité signé avec le conglomérat indien Adani. Cette décision, prise par le cabinet du président Anura Kumara Dissanayake, reflète une volonté de recentrer les priorités économiques et énergétiques du pays tout en répondant aux controverses entourant le projet.
Un contrat énergétique au centre des controverses
Le contrat, signé par l’ancien gouvernement en mai 2024, portait sur l’achat d’électricité produite par une ferme éolienne de 484 mégawatts située dans le nord du Sri Lanka. Le tarif convenu, 0,0826 USD par kilowattheure, avait fait l’objet de critiques, plusieurs organisations locales arguant qu’il était possible d’obtenir des prix jusqu’à un tiers inférieurs grâce à des projets nationaux plus modestes.
En janvier 2025, sous la direction du président Dissanayake, le gouvernement a annulé cet accord tout en laissant la porte ouverte à une révision du projet lui-même. Un comité d’experts a été nommé pour évaluer la faisabilité et les impacts économiques et environnementaux de la ferme éolienne.
Un contexte politique tendu
La révocation de cet accord s’inscrit dans un climat politique marqué par des accusations de corruption et des préoccupations croissantes sur la gestion des projets d’infrastructure sous le précédent gouvernement. Le président Dissanayake, élu en septembre 2024, a fait de la lutte contre la corruption un pilier central de son mandat.
Adani, acteur clé dans ce projet, est déjà confronté à des allégations de corruption aux États-Unis, où son PDG est accusé d’avoir versé des pots-de-vin pour obtenir des contrats dans le secteur solaire. Ces accusations, bien que contestées par le groupe, ont intensifié la pression sur ses opérations internationales.
Impact sur les marchés et perspectives futures
La décision du Sri Lanka a également eu des répercussions sur le marché. Les actions de la holding Adani Enterprises ont chuté de près de 3 % à la Bourse de Bombay après l’annonce. Dans un communiqué, Adani a qualifié cette révocation de « révision standard », soulignant qu’elle reflétait les priorités du nouveau gouvernement sri-lankais.
Le projet, initialement approuvé en 2023, reste pour l’instant bloqué par des recours devant la Cour suprême sri-lankaise pour des motifs environnementaux. Le comité récemment formé par le gouvernement pourrait toutefois redéfinir les conditions de mise en œuvre, ce qui pourrait influencer l’avenir des investissements étrangers dans le pays.
Une révision aux implications stratégiques
Le Sri Lanka, qui cherche à diversifier ses sources d’énergie après une grave crise économique en 2022, voit dans ce projet éolien une opportunité stratégique, bien que controversée. La décision d’annuler le contrat reflète à la fois un engagement en faveur de la transparence et une volonté de maximiser les retombées économiques des grands projets énergétiques.
Le rôle d’Adani, premier investisseur étranger à revenir au Sri Lanka après la crise, sera désormais scruté de près, alors que le pays réévalue ses politiques énergétiques sous un nouvel angle économique et politique.