Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé la signature d’un accord tripartite avec les deux factions armées soudanaises en conflit, attribuant à leurs forces nationales le contrôle sécuritaire du champ pétrolier de Heglig. Cette installation est considérée comme cruciale pour l’exportation du brut sud-soudanais, qui transite par Port-Soudan via les infrastructures du Soudan voisin.
Une infrastructure essentielle dans une zone sous tension
Le champ de Heglig, situé à la frontière entre le Soudan du Sud et la région du Kordofan au Soudan, est actuellement exposé à une forte instabilité depuis la prise de la région du Darfour par les Forces de soutien rapide (FSR) en octobre. Ce site abrite la principale station de traitement du pétrole extrait au Soudan du Sud, un pays enclavé qui reste dépendant du réseau de pipelines soudanais pour acheminer ses exportations vers la mer Rouge.
Le porte-parole du gouvernement sud-soudanais, Ateny Wek Ateny, a précisé qu’un accord avait été conclu entre les Forces armées sud-soudanaises (SSPDF), les Forces armées soudanaises (SAF) et les FSR. Le texte confie à la SSPDF la mission de sécuriser le site pétrolier de Heglig dans un contexte de “tensions croissantes” sur la frontière.
Des affrontements actifs autour de la plateforme pétrolière
Les FSR ont affirmé avoir pris le contrôle de Heglig après le retrait des troupes de l’armée régulière soudanaise. Selon les autorités de Juba, certains soldats de l’armée soudanaise auraient fui vers le Soudan du Sud, où ils auraient déposé les armes. Aucun détail opérationnel sur la mise en œuvre de l’accord n’a été divulgué.
Des accusations ont par ailleurs été formulées cette semaine par les FSR contre l’armée soudanaise, qui aurait mené une attaque de drone sur le champ pétrolier, causant selon eux plusieurs dizaines de morts et des dégâts importants aux installations. Ces informations n’ont pu être confirmées de manière indépendante.
Un enjeu stratégique pour le Soudan du Sud
Lors de son indépendance en 2011, le Soudan du Sud a hérité d’environ 75 % des réserves pétrolières de l’ancien Soudan, mais reste fortement tributaire des infrastructures de son voisin pour exporter sa production. La moindre perturbation dans la région de Heglig représente un risque économique immédiat pour Juba, dont les revenus dépendent en grande partie de l’or noir.
La guerre civile qui oppose depuis 2023 les forces régulières soudanaises aux paramilitaires a déjà provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes et entraîné le déplacement de plus de 12 millions d’habitants. Le conflit a également gravement endommagé les infrastructures énergétiques et logistiques dans plusieurs régions du Soudan.