L’industrie du biodiesel au Brésil appelle à un renforcement urgent des contrôles réglementaires et à un financement public stable pour garantir l’application du taux d’incorporation obligatoire de biodiesel dans le diesel, récemment relevé à 15 %. Les acteurs du secteur alertent sur une recrudescence des fraudes lorsque les coûts du biodiesel augmentent, en l’absence de mécanismes de surveillance efficaces.
Une hausse des prix qui alimente les risques de fraude
Depuis l’entrée en vigueur du nouveau seuil d’incorporation le 1er août, les prix du biodiesel livrés à Paulinia ont grimpé de 14 %, atteignant 6 387 reals par mètre cube le 14 octobre, contre 5 603 reals fin juillet. Selon l’Instituto Combustível Legal (ICL), cet écart de prix crée un environnement propice aux contournements réglementaires, notamment lorsque la différence entre le diesel et le biodiesel dépasse 0,20 real par litre.
En décembre 2024, la suspension du programme de surveillance de la qualité des carburants avait déjà entraîné une baisse du respect des taux obligatoires, chutant de 98 % à 92 %. L’Agência Nacional do Petróleo, Gás Natural e Biocombustíveis (ANP) a interrompu à nouveau ce programme en juillet 2025, invoquant des restrictions budgétaires, avant de le relancer en août en parallèle de l’augmentation du taux de biodiesel.
Des distributeurs inquiets face à la concurrence déloyale
Malgré la reprise des contrôles, les grands distributeurs redoutent de perdre des parts de marché au profit d’acteurs ne respectant pas les obligations d’incorporation. Selon le directeur de l’ICL, Carlos Faccio, l’absence de surveillance alimente les comportements frauduleux dans les périodes où les marges de coûts s’élargissent entre les carburants fossiles et renouvelables.
Le directeur de l’ANP, Pietro Mendes, a plaidé pour une législation avancée visant à renforcer le suivi numérique des factures des producteurs de biodiesel, à sanctionner les infractions et à garantir le financement des projets de traçabilité.
Des obstacles juridiques au contrôle du marché
Les représentants du secteur ont aussi dénoncé le rôle des décisions judiciaires permettant à certains distributeurs de continuer à opérer malgré le non-respect des objectifs de décarbonation du programme RenovaBio. Actuellement, toute entreprise vendant à un distributeur sanctionné s’expose à des amendes pouvant atteindre 500 millions de reals ($90mn).
Le député fédéral Alceu Moreira, président du caucus parlementaire FPBio, a confirmé l’intention d’avancer sur une législation soutenant la stratégie énergétique « Carburant du Futur ». Il a toutefois mis en garde contre les dérives potentielles liées à l’absence de contrôle.