La Commission sur le changement climatique (CCC), un organisme indépendant chargé de conseiller le gouvernement britannique, a récemment proposé un objectif ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour le Royaume-Uni. Cette recommandation appelle le pays à viser une baisse de 81 % de ses émissions d’ici à 2035, un objectif destiné à consolider son leadership climatique sur la scène internationale. Le gouvernement britannique, dirigé par le parti travailliste depuis juillet, a sollicité cet avis alors que la Conférence des Parties sur le climat, COP29, se profile en novembre prochain en Azerbaïdjan.
Cet objectif de réduction répond aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015, auquel le Royaume-Uni est signataire. En vertu de cet accord, chaque pays doit actualiser ses contributions déterminées au niveau national (NDC) avant février 2025, en tenant compte des nouvelles réalités et des impacts du changement climatique déjà observés. Cette demande intervient dans un contexte de pression accrue de l’Organisation des Nations Unies (ONU), qui a récemment averti que sans mesures décisives dans les mois à venir, l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C pourrait être hors d’atteinte.
Un impact économique et écologique
Selon le professeur Piers Forster, président par intérim de la CCC, cet objectif ambitieux de réduction des émissions pourrait être atteint tout en stimulant l’emploi et l’économie du Royaume-Uni. Il précise que des initiatives telles que l’électrification des transports, l’efficacité énergétique des bâtiments et la préservation de la biodiversité seraient bénéfiques pour la société britannique dans son ensemble.
Actuellement, le Royaume-Uni a réduit ses émissions d’environ 50 % par rapport aux niveaux de 1990 et s’est fixé une cible intermédiaire de 68 % de réduction pour 2030. Cependant, Corinne Le Quéré, membre influente de la CCC, indique que le pays n’est pas sur la voie d’atteindre cet objectif intermédiaire, malgré des efforts récents pour promouvoir l’énergie éolienne et se détourner du charbon. Le gouvernement prévoit également de présenter un budget incluant de nouvelles mesures pour répondre à ces défis climatiques pressants.
Un rôle de leadership climatique à préserver
Le Royaume-Uni a longtemps été perçu comme un leader climatique, notamment après avoir accueilli la COP26 à Glasgow en 2021. Cependant, la CCC souligne la nécessité de traduire les objectifs en actions concrètes, rappelant que des engagements internationaux ambitieux ne suffisent pas. Doug Parr, directeur de Greenpeace UK, a récemment exhorté le gouvernement à fixer des objectifs encore plus élevés, considérant la responsabilité historique du Royaume-Uni en tant qu’acteur majeur dans la crise climatique mondiale.
Les récents reculs en matière de politique énergétique, notamment sous le précédent gouvernement, ont suscité des critiques de la part d’organisations comme le Climate Action Tracker (CAT). En effet, en 2023, le CAT avait jugé les objectifs britanniques « insuffisants » et accusé les autorités de « détruire les ambitions climatiques » du pays. En effet, des décisions telles que l’octroi de nouvelles licences d’exploration pétrolières en mer du Nord avaient terni l’image du Royaume-Uni en matière de leadership climatique.
Les enjeux de la COP29 et les perspectives d’avenir
La COP29, qui débutera le 11 novembre, représente une opportunité stratégique pour le Royaume-Uni de réaffirmer son engagement climatique. Corinne Le Quéré souligne que ce sommet pourrait servir de plateforme au gouvernement pour présenter ses objectifs pour 2035, un signal fort envoyé à la communauté internationale. Les discussions à la COP29 se concentreront sur les NDC, qui sont jugées par l’ONU comme les contributions les plus essentielles au progrès climatique mondial depuis le début du siècle.
Pour atteindre les objectifs fixés, la CCC insiste sur l’importance d’accélérer des initiatives concrètes, telles que l’adoption de véhicules électriques, l’extension de l’énergie éolienne et solaire, et la protection des espaces naturels. Ces mesures permettront au Royaume-Uni de non seulement respecter ses engagements climatiques mais aussi de promouvoir un modèle économique et environnemental viable.