La mer du Nord, autrefois au cœur de la stratégie énergétique mondiale, devient un symbole des tensions croissantes entre les ambitions environnementales des États et les intérêts économiques des grandes entreprises pétrolières. Dans une déclaration récente sur Truth Social, le président élu des États-Unis, Donald Trump, a vivement critiqué les politiques fiscales et énergétiques du Royaume-Uni, qu’il juge responsables du déclin de l’activité pétrolière dans la région.
Un taux d’imposition sans précédent
Le cœur des critiques de Donald Trump réside dans la récente augmentation de la taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises pétrolières et gazières britanniques. Le Royaume-Uni a fait passer ce taux de 35 % à 38 % en octobre dernier, portant la fiscalité totale à 78 %, l’un des niveaux les plus élevés au monde. Selon Trump, ces mesures « pénalisent inutilement un secteur vital » et découragent les investissements étrangers.
Ces critiques interviennent alors qu’APA Corporation, une entreprise américaine spécialisée dans les hydrocarbures, a annoncé son retrait progressif de la mer du Nord d’ici 2029. APA rejoint ainsi Shell, Exxon Mobil et Chevron, qui ont quitté la région ces dernières années, soulignant le poids croissant de la fiscalité dans leurs décisions stratégiques.
Déclin de la production et montée des tensions
Les données récentes confirment une tendance inquiétante : la production pétrolière en mer du Nord est passée de 4,4 millions de barils équivalent pétrole par jour dans les années 2000 à 1,3 million aujourd’hui, un plancher historique depuis les débuts de l’exploitation dans les années 1970. En parallèle, la région est devenue un acteur majeur de l’éolien offshore, avec des projets phares comme Dogger Bank, le plus grand parc éolien du monde.
Pour Trump, cependant, cet engagement envers les énergies renouvelables ne compense pas les pertes économiques liées à la baisse de la production pétrolière. « Se débarrasser des éoliennes » et favoriser l’exploitation pétrolière en mer du Nord seraient, selon lui, des solutions nécessaires pour garantir la sécurité énergétique et économique.
Un signal inquiétant pour le marché mondial
Les déclarations de Trump, connues pour leur impact sur les marchés, ont déjà secoué le secteur des énergies renouvelables. Après son élection, les actions des entreprises spécialisées dans l’éolien offshore ont chuté, reflétant les incertitudes liées à ses promesses de « démanteler les projets éoliens dès le premier jour de son mandat ». Ces tensions révèlent une fracture grandissante entre les objectifs climatiques de certains États et les réalités du marché.
Pour le Royaume-Uni, ces critiques interviennent dans un contexte délicat. Alors que le pays vise à décarboner entièrement son secteur énergétique d’ici 2030, le départ des grandes entreprises pétrolières de la mer du Nord soulève des questions sur sa capacité à concilier transition énergétique et attractivité économique.