Le Royaume-Uni dispose encore d’importantes réserves pétrolières et gazières en mer du Nord, capables de couvrir la moitié des besoins énergétiques du pays au cours des prochaines décennies, selon une récente analyse d’Offshore Energies UK (OEUK). Toutefois, le niveau actuel de production se situe à un point historiquement bas, contraignant la Grande-Bretagne à importer environ 50 % de son énergie fossile, alors que la demande domestique reste élevée. L’organisation professionnelle, qui regroupe les principaux acteurs du secteur énergétique britannique, met en cause une fiscalité jugée trop contraignante et peu adaptée aux réalités actuelles du marché. La pression fiscale instaurée en réponse à la crise énergétique internationale de 2022 continue de freiner les investissements dans les nouveaux projets d’exploration et de forage.
Un potentiel sous-exploité
Selon OEUK, les conditions fiscales actuelles pourraient limiter la production britannique à environ 4 milliards de barils équivalents pétrole (bep) d’ici 2050, alors que la demande prévue se situe entre 13 et 15 milliards de bep sur la même période. Pour atteindre ce potentiel inexploité, OEUK préconise une révision urgente des politiques fiscales, notamment l’allègement de la taxe sur les bénéfices exceptionnels instaurée lorsque les prix du gaz et du pétrole avaient atteint des sommets en 2022. Cette taxe, conçue à l’époque pour capter les profits exceptionnels liés à l’invasion russe en Ukraine, représente aujourd’hui une contrainte économique majeure pour les entreprises actives en mer du Nord. L’industrie affirme que ces taux d’imposition élevés découragent désormais tout investissement dans la région, menaçant la viabilité à long terme du secteur énergétique britannique.
Enjeux stratégiques et économiques
Par ailleurs, OEUK rappelle que la production locale de pétrole et de gaz génère moins d’émissions que l’importation de sources alternatives, telles que le gaz naturel liquéfié (GNL), principalement importé des États-Unis. Cette différence notable en matière d’empreinte carbone est un argument régulièrement avancé pour soutenir le maintien ou l’accroissement de l’exploitation des ressources nationales. Le gouvernement britannique s’est récemment montré ouvert à de nouveaux projets autour des infrastructures existantes, comme Rosebank ou Jackdaw, soulignant implicitement la nécessité de préserver une certaine souveraineté énergétique. Cependant, ces nouvelles initiatives nécessitent impérativement des ajustements fiscaux pour devenir économiquement viables sur le long terme.
Un choix politique complexe
Face à cette situation, le gouvernement britannique doit donc composer avec des impératifs stratégiques et économiques contradictoires. D’une part, il existe une réelle volonté politique de réduire la dépendance énergétique externe en exploitant davantage les ressources nationales disponibles. D’autre part, les contraintes fiscales actuelles rendent les projets d’investissements coûteux et risqués pour les entreprises pétrolières et gazières internationales opérant sur le territoire britannique. Les acteurs économiques du secteur continuent ainsi d’exercer des pressions sur le gouvernement afin d’obtenir des mesures fiscales plus favorables, capables de relancer durablement l’activité en mer du Nord. Le Royaume-Uni se trouve donc à un tournant crucial, confronté à la nécessité de clarifier rapidement sa stratégie en matière de fiscalité énergétique, une décision dont les répercussions économiques pourraient être considérables pour les prochaines décennies.