L’expansion rapide de la production d’énergie éolienne et solaire au Royaume-Uni nécessite une refonte profonde du réseau de transport d’électricité. National Grid, propriétaire et opérateur du réseau électrique en Angleterre et au Pays de Galles, prévoit d’investir 35 milliards de livres (42 milliards d’euros) d’ici 2031 pour transformer les infrastructures existantes et assurer un acheminement efficace de l’énergie vers les principaux centres de consommation.
Un réseau conçu pour un ancien modèle énergétique
Historiquement structuré autour des centrales à charbon du nord du pays et des Midlands, le réseau électrique britannique ne répond plus aux besoins actuels. La transition vers des sources renouvelables impose la construction de nouvelles lignes à haute tension pour relier les parcs éoliens offshore et les centrales solaires du sud et de l’est aux zones de forte demande, comme Londres.
Le poste de transformation de Bramford, situé en Est-Anglie, constitue un maillon clé de cette modernisation. Déjà équipé de multiples pylônes, ce site connaît un essor significatif avec l’ajout d’infrastructures dédiées aux nouvelles installations renouvelables. Des centrales solaires et des stations de connexion pour les parcs éoliens offshore y sont actuellement en construction.
Un projet controversé dans les zones rurales
Si la nécessité de moderniser le réseau fait consensus parmi les experts, les implications locales de ces transformations suscitent une vive opposition. En Est-Anglie, des agriculteurs et riverains dénoncent un manque de concertation et contestent l’implantation des nouvelles infrastructures.
Rosie Pearson, fondatrice d’un groupe d’action local, souligne l’absence d’étude approfondie sur des alternatives telles que l’enfouissement des lignes ou l’utilisation de câbles sous-marins. Selon elle, ces solutions permettraient de limiter l’impact sur les paysages et les propriétés privées, mais elles n’ont pas été sérieusement envisagées par les autorités.
Un enjeu économique et politique
Le gouvernement britannique, sous la direction de Keir Starmer, a fait de la modernisation du réseau une priorité. Confronté à des délais contraints et à la nécessité de sécuriser l’approvisionnement énergétique, l’exécutif entend assouplir la réglementation pour accélérer les travaux.
Les coûts d’enfouissement des lignes sont jugés trop élevés par les autorités, qui estiment que cette option engendrerait une hausse des tarifs d’électricité pour les consommateurs. Selon Stephen Jarvis, chercheur à la London School of Economics (LSE), les investissements dans les infrastructures électriques sont indispensables pour accompagner la transition énergétique et renforcer la sécurité énergétique du pays.
Alors que les travaux se poursuivent, le débat reste ouvert entre nécessité industrielle et préservation des territoires. Pour les habitants concernés, l’avenir de leurs exploitations et de leurs paysages dépendra des arbitrages économiques et politiques à venir.