Le gouvernement britannique a confirmé l’allocation d’un investissement de 2,5 milliards de livres sterling sur cinq ans pour soutenir la technologie de fusion nucléaire, plaçant le programme Spherical Tokamak for Energy Production (STEP) au cœur de sa stratégie industrielle. Ce projet, situé à West Burton dans le Nottinghamshire, prévoit la construction d’un prototype de centrale à fusion opérationnelle d’ici 2040. Le site sélectionné, qui accueillait auparavant une centrale au charbon, symbolise le repositionnement industriel stratégique du Royaume-Uni vers les nouvelles technologies énergétiques. STEP est piloté par UK Industrial Fusion Solutions (UKIFS), une filiale de la UK Atomic Energy Authority (UKAEA), en charge de la gestion technique et opérationnelle.
Impact économique majeur
Selon une étude économique d’AMION Consulting, le projet STEP devrait générer environ 6 500 emplois directs en équivalent temps plein (ETP) une fois entièrement opérationnel. Cela représenterait à terme près de 12,5 % des emplois actuellement recensés dans le district de Bassetlaw. À l’échelle nationale, l’impact économique cumulé du projet entre 2019 et 2065 est évalué à environ 66 milliards de livres sterling en valeur ajoutée brute (Gross Value Added, GVA). L’étude estime également que le programme nécessitera la construction de près de 440 000 m² supplémentaires d’espaces commerciaux dédiés à l’accueil d’activités connexes, principalement dans les domaines scientifiques et technologiques.
En parallèle, les autorités locales envisagent la mise en place d’un vaste écosystème économique régional, nommé « Trent Clean Energy Supercluster ». Celui-ci devrait englober d’autres anciens sites industriels comme Cottam et High Marnham, générant potentiellement jusqu’à 8 850 emplois supplémentaires liés aux nouvelles technologies énergétiques. La demande de logements engendrée par ces développements économiques pourrait dépasser les 2 800 nouvelles habitations d’ici 2065.
Formation spécialisée et emplois qualifiés
Le programme STEP aura un impact direct sur l’emploi et la formation dans la région, avec un besoin spécifique en profils techniques et hautement qualifiés. Durant la phase de construction, environ 1 200 travailleurs seront formés dans des métiers techniques tels que la soudure, la mécanique ou encore l’électricité, tandis que 330 apprentis seront recrutés et formés sur site. À terme, 73 % des emplois permanents exigeront des qualifications supérieures, majoritairement de niveau universitaire en physique des plasmas ou sciences connexes. Des universités britanniques telles que Manchester et Sheffield développent déjà des programmes spécifiques pour répondre à ces besoins.
Les activités liées à la recherche et au développement du projet STEP pourraient également conduire à la création de 117 entreprises dérivées (spin-offs), générant ainsi plus de 1 500 emplois supplémentaires d’ici à 2065. L’impact technologique de STEP est estimé à environ 250 brevets déposés durant la même période, stimulant l’innovation dans plusieurs secteurs connexes tels que la robotique, l’intelligence artificielle (IA) et les matériaux avancés.
Partenariats industriels et stratégiques
Le programme STEP bénéficie déjà de partenariats industriels clés, notamment avec l’entreprise italienne ENI, avec laquelle la UKAEA a signé en mars dernier un accord portant sur la construction du plus grand centre mondial de gestion du cycle du combustible tritium au Royaume-Uni. Cette coopération sécurisera les besoins spécifiques en combustible du projet STEP et renforcera l’indépendance stratégique britannique dans ce domaine.
Des annonces sur les premiers partenariats industriels et les appels d’offres pour la construction du site de STEP sont attendues pour l’hiver 2025-2026. Le gouvernement britannique considère la maîtrise commerciale de la fusion nucléaire comme un objectif stratégique clé, nécessaire pour maintenir la compétitivité technologique du pays sur la scène internationale.
Potentiel de croissance nationale
Au-delà de son impact local et régional, STEP vise à positionner le Royaume-Uni à l’avant-garde mondiale de la fusion nucléaire. Le secrétaire d’État britannique à la Sécurité énergétique, Ed Miliband, a rappelé que l’objectif du gouvernement est de faire du Royaume-Uni un leader mondial de cette technologie. L’ambition affichée est de capitaliser sur STEP pour développer ensuite un réseau mondial de centrales basées sur le savoir-faire britannique, garantissant ainsi un avantage concurrentiel durable pour le pays.
Le projet STEP constitue donc un enjeu majeur pour le Royaume-Uni, avec des implications économiques significatives à court et à long terme. L’importance stratégique de ce programme dépasse largement les frontières nationales, suscitant déjà l’intérêt des acteurs industriels et scientifiques internationaux.