Le Royaume-Uni met fin à une ère en fermant sa dernière centrale au charbon, située à Ratcliffe-on-Soar. Cette décision intervient dans le cadre de sa politique énergétique, visant à atteindre une électricité totalement décarbonée d’ici 2030. Cette transition, amorcée dès les années 1990, s’est accélérée au cours des dernières décennies, réduisant progressivement la part du charbon dans le mix énergétique national, autrefois dominante.
En 2023, le charbon ne représente plus que 1 % de la production d’électricité britannique, alors qu’il atteignait près de 70 % dans les années 1980. Cette chute rapide s’explique par un ensemble de réglementations visant à réduire les émissions de polluants atmosphériques, mais aussi par une mutation industrielle qui a vu l’abandon progressif des activités manufacturières et une réorientation vers des sources d’énergie plus flexibles et moins carbonées.
Une stratégie axée sur les énergies renouvelables
Cette fermeture s’inscrit dans une stratégie plus large de transition vers des énergies renouvelables. Londres a récemment annoncé la création de *Great British Energy*, une société publique destinée à soutenir le développement de projets énergétiques stratégiques, notamment dans le domaine de l’éolien offshore, de l’énergie marémotrice et du nucléaire. Le gouvernement britannique cherche ainsi à stabiliser son réseau tout en maximisant la part des énergies bas carbone, conformément à ses engagements de décarbonation.
Cette reconversion énergétique se concrétise également par l’accélération des projets d’énergies renouvelables. Aujourd’hui, environ 25 % de la production électrique britannique provient de l’éolien, principalement offshore. La part du gaz naturel, qui reste encore prédominante avec un tiers de la production, est appelée à diminuer au fur et à mesure de l’intégration des nouvelles capacités de production renouvelable. L’objectif est de réduire au maximum la dépendance aux énergies fossiles, tout en maintenant la sécurité d’approvisionnement.
Le premier G7 à fermer ses centrales au charbon
Le Royaume-Uni devient ainsi le premier pays du G7 à éliminer le charbon de son mix électrique. Les autres membres du groupe n’ont pas encore franchi cette étape. L’Italie prévoit de fermer ses centrales d’ici 2025, suivie de la France en 2027. Le Canada s’est engagé à sortir du charbon d’ici 2030, tandis que l’Allemagne a fixé un objectif pour 2038. Quant aux États-Unis et au Japon, ils n’ont pas encore de calendrier précis.
Cette position de précurseur au sein des grandes économies mondiales s’explique par la volonté de Londres de se positionner comme un leader de la transition énergétique. Le Royaume-Uni a capitalisé sur son avantage géographique pour développer rapidement l’éolien offshore, une source énergétique jugée plus compétitive et stable que les centrales thermiques à charbon. Cette stratégie s’est accompagnée d’une modernisation du réseau électrique pour absorber ces nouvelles capacités.
Un impact économique et social sur les anciens bassins miniers
La fermeture de la centrale de Ratcliffe-on-Soar, propriété de l’allemand *Uniper*, s’accompagne d’une reconversion progressive des sites. Le plan de démantèlement prévoit la création d’un centre technologique axé sur les énergies décarbonées. Ces transformations entraînent des conséquences sociales, notamment pour les 350 employés de la centrale, dont les emplois seront impactés par cette fermeture.
Cette dynamique de transition s’observe également dans d’autres secteurs industriels du pays. La fermeture du dernier haut fourneau de *Tata Steel* à Port Talbot, au Pays de Galles, témoigne de la mutation de l’industrie lourde britannique. L’aciérie, qui autrefois dépendait massivement du charbon pour sa production, prévoit de passer à des fours à arc électrique, moins consommateurs en carbone. Cette transition représente un défi pour les travailleurs locaux, souvent peu qualifiés, qui peinent à se reconvertir dans les nouveaux métiers liés aux technologies de l’énergie.
Le rôle de l’État dans la modernisation du réseau
Pour accompagner ces évolutions, le Royaume-Uni a décidé de nationaliser *Electricity System Operator* (ESO), l’opérateur de son réseau de transport d’électricité, pour un montant de 630 millions de livres sterling (746 millions d’euros). Cette nationalisation vise à améliorer l’efficacité des raccordements aux nouvelles infrastructures renouvelables et à renforcer la résilience du réseau face à la croissance des sources intermittentes comme l’éolien et le solaire.
En centralisant la gestion du réseau, le gouvernement souhaite optimiser l’intégration des nouvelles capacités tout en réduisant les goulets d’étranglement qui freinent la mise en service de nouveaux projets. Le Royaume-Uni entend ainsi relever le défi de la flexibilité du réseau, une problématique majeure pour tous les pays en transition énergétique.