Le gouvernement britannique a annoncé officiellement ce mardi un investissement public massif de 14,2 milliards de livres (près de 17 milliards d’euros) pour le projet de centrale nucléaire Sizewell C, porté par l’énergéticien français EDF. Ce financement vise à accélérer la construction de deux réacteurs de type European Pressurized Reactor (EPR), chacun d’une capacité estimée à 1,6 gigawatt (GW). Bien que l’annonce soit significative, la décision finale d’investissement (FID pour Final Investment Decision) devrait intervenir début juillet, lors d’un sommet bilatéral prévu entre la France et le Royaume-Uni. Le coût total estimé du projet, selon diverses évaluations, pourrait s’élever à 30 milliards de livres.
Un investissement majeur dans la sécurité énergétique
Cette décision s’inscrit dans une stratégie globale visant à renforcer la sécurité énergétique du Royaume-Uni face aux perturbations observées depuis le début du conflit en Ukraine. À l’origine conçu avec une participation du groupe chinois China General Nuclear Power Group (CGN), le projet a évolué vers une structure dominée par le gouvernement britannique qui détient désormais une majorité d’actions. EDF Energy, filiale britannique d’EDF, conserve un rôle central dans la gestion du chantier et dans l’exploitation future du site. Selon les déclarations officielles, Sizewell C devrait produire suffisamment d’électricité pour alimenter environ six millions de foyers britanniques une fois en service.
Stratégie nucléaire réaffirmée
Depuis le changement de gouvernement en juillet, avec l’arrivée du Parti travailliste au pouvoir, la stratégie nucléaire du Royaume-Uni est restée constante, avec une volonté affirmée de relancer activement cette filière énergétique. Le gouvernement actuel envisage même un « âge d’or du nucléaire », illustré par l’annonce d’investissements supplémentaires, notamment 2,5 milliards de livres dans la recherche sur la fusion nucléaire sur cinq ans. Ces mesures font partie intégrante du plan d’investissement public britannique, évalué globalement à 113 milliards de livres et incluant également les petits réacteurs modulaires (SMR pour Small Modular Reactors).
Coût et financement par le consommateur
Toutefois, le projet soulève des questions économiques importantes concernant son coût réel, jugé élevé par plusieurs analystes financiers britanniques. Selon les prévisions officielles, le financement public de Sizewell C sera en partie répercuté sur les factures énergétiques des consommateurs britanniques, qui pourraient observer une augmentation modérée mais durable. Ce mécanisme de financement vise à garantir un flux régulier de liquidités, essentiel pour la réalisation du projet sur plusieurs décennies. Le chantier, prévu pour durer une dizaine d’années, pourrait générer environ 10 000 emplois directs et indirects, contribuant ainsi au développement économique régional.
Cette décision majeure, bien que soutenue par de nombreux acteurs industriels, fera l’objet d’une attention particulière du marché énergétique européen, en raison de ses implications financières et technologiques à long terme.