Le Royaume-Uni doit rencontrer les dignitaires d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis (EAU) à partir du 16 mars. Cette réunion a pour objet de discuter d’un approvisionnement supplémentaire en pétrole auprès des membres de l’OPEP. En effet, les puissances occidentales continuent de chercher des alternatives viables en marge des sanctions contre la Russie.
Le Royaume-Uni se tourne vers Riyad et Abou Dabi pour suppléer au pétrole russe
Dans les faits, les sanctions financières contre la Russie bloquent plus de 7 millions de barils/jour d’exportations de produits bruts et raffinés. Ceux-ci ont pour destination initiale des clients européens et américains. En conséquence, les prix sur le marché du pétrole grimpent en flèche et alimentent l’inflation.
Le Premier ministre britannique déclare :
« Le monde doit se sevrer des hydrocarbures russes et affamer la dépendance du Président russe Vladimir Poutine au pétrole et au gaz ».
Aujourd’hui, l’Arabie saoudite et les EAU sont les deux seuls membres de l’OPEP à disposer d’une capacité de production inutilisée. En ce sens, le Royaume-Uni voit en eux de bons candidats pour atténuer la pénurie d’approvisionnement causée par les sanctions.
Une difficulté demeure pour Boris Johnson. L’Arabie saoudite et les EAU tiennent un partenariat stratégique avec la Russie, lequel entend forger des liens au-delà même du secteur pétrolier. En 2019, l’Arabie saoudite et la Russie signent, par exemple, une charte Opep+ pour accroître leur coopération énergétique à long terme.
S&P Global Commodity Insights estime qu’en mai, l’Arabie saoudite doit détenir un peu moins de 1 million de b/j de production supplémentaire. Les EAU, eux, comptent pour près de 755 000 b/j. À la même date, les autres membres de l’OPEP doivent atteindre le maximum de leur production possible.
L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis veulent conserver leur partenariat avec la Russie
Toutefois, le Premier ministre se lance au-devant d’importantes difficultés. Même avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Arabie saoudite rejette fermement les appels à augmenter la production. Le pays entend rester prudent face à la pandémie encore en cours. Il veut également protéger de manière durable sa manne pétrolière.
En outre, le Royaume-Uni annonce que la visite de Johnson à Riyad doit également confirmer un important investissement. Le groupe saoudien Alfanar va en effet investir un milliard de livres sterling dans le projet Lighthouse Green Fuels à Teeside. Ce dernier vise à produire du carburant d’aviation durable à partir de déchets à grande échelle au Royaume-Uni.
Les EAU peuvent potentiellement se montrer plus réceptifs aux demandes du Royaume-Uni. En effet, l’ambassadeur du pays aux États-Unis, Yousef al-Otaiba, fait une déclaration en ce sens le 9 mars. Le responsable émirati annonce qu’il espère encourager l’OPEP à atteindre des niveaux de production plus élevés.
Le commentaire d’al-Otaiba fait chuter les prix du brut. Cette décroissance apporte un relatif soulagement auprès des consommateurs. En effet, le baril de brut, plus tôt dans la semaine, dépassait les $ 137/b, une première depuis 2008.
En dépit de cela, le ministre de l’énergie des EAU, Suhail al-Mazrouei, tempère ces propos. Il affirme que le pays soutient toujours l’alliance de l’OPEP avec la Russie. Al-Mazrouei explique qu’en conséquence, il ne compte pas augmenter unilatéralement la production.
Le Royaume-Uni met l’Iran à l’agenda des discussions avec les princes saoudien et émirati
La visite de Johnson à Abou Dabi et à Riyad intervient deux semaines avant la prochaine réunion de l’OPEP+, prévue le 31 mars. Le groupe doit y planifier les niveaux de production de mai.
Le Royaume-Uni compte également discuter de la situation en Iran et au Yémen avec les princes. Johnson doit parallèlement aborder les thèmes de la coopération en matière de sécurité, du commerce, de l’investissement, et enfin des droits de l’homme. Ce dernier constitue encore un point sensible entre l’Arabie saoudite et les pays occidentaux.
L’Arabie saoudite et les EAU expriment depuis longtemps leurs inquiétudes à propos de leur rival iranien. Concomitamment, les pourparlers sur un accord nucléaire pouvant lever les sanctions sur le pétrole de l’Iran sont au point mort.
Un éventuel accord sur le nucléaire peut potentiellement apporter un soulagement majeur au sujet de l’approvisionnement du marché pétrolier. Cependant, les pays arabes du Golfe recherchent des garanties contre la politique étrangère de l’Iran, qu’ils jugent agressive.
À cet égard, les EAU et l’Arabie saoudite sont en première ligne. En effet, des tirs de missiles et de drones houthis, que l’Iran soutient, touchent régulièrement les deux pays. Ces attaques visent notamment des installations pétrolières et des ports stratégiques. En réponse, les deux pays s’engagent dans une coalition militaire destinée à briser la rébellion houthie au Yémen.
Boris Johnson espère relever ces multiples défis avec ses interlocuteurs saoudiens et émiratis. Son objectif principal reste de trouver une alternative pétrolière viable à l’offre russe. Le Royaume-Uni annonce en effet sa volonté d’interdire les importations de pétrole en provenance de Russie d’ici fin 2022. Le pays en est aujourd’hui dépendant à hauteur de 8%.