La présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), Emmanuelle Wargon, a déclaré qu’un ajustement du rythme de développement des énergies renouvelables pourrait être nécessaire, en raison d’un décalage observé entre l’évolution de l’offre électrique et la progression de la demande. Cette annonce intervient alors que le décret sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), feuille de route stratégique du secteur, a été reporté à la fin de l’été.
Un calendrier retardé pour la planification énergétique
Le Premier ministre François Bayrou a officialisé ce report en début de semaine. La PPE définit les objectifs de consommation et de production d’énergie en France pour les dix années à venir et s’inscrit dans l’objectif national de neutralité carbone à l’horizon 2050. Elle est également cruciale pour la structuration des investissements dans le secteur énergétique.
« La CRE a une position constante : elle considère qu’il est urgent de publier la PPE pour permettre aux filières de s’organiser », a affirmé Emmanuelle Wargon selon AFP le 30 avril. La présidente du régulateur précise que cette visibilité est essentielle à la fois pour garantir la souveraineté énergétique et accompagner l’électrification croissante des usages.
Révision des ambitions renouvelables
La CRE estime néanmoins que certains ajustements à la baisse pourraient être envisagés, notamment sur les segments renouvelables, pour assurer leur intégration optimale dans le système électrique. « Il faudra peut-être ajuster à la baisse certaines cibles en matière d’offre électrique, car la demande a pris du retard », a-t-elle déclaré dans un entretien accordé à Les Échos.
Tout en soutenant la poursuite du développement des énergies renouvelables, Mme Wargon a insisté sur la nécessité de mobiliser pleinement les capacités existantes, en particulier les centrales nucléaires et hydrauliques. Elle a également évoqué une « certaine marge » concernant les autres sources renouvelables, laissant entendre qu’une modulation de leur rythme de croissance pourrait être envisagée.
Préoccupations des acteurs industriels
L’organisation professionnelle France Renouvelables, qui rassemble plus de 360 acteurs du secteur, a exprimé son inquiétude face au report du décret. Elle appelle le gouvernement à une publication rapide du texte afin de maintenir la dynamique des appels d’offres et d’éviter tout blocage dans le développement industriel des filières.
« Il est impératif de garantir la continuité des appels d’offres, sans quoi les investissements et l’emploi dans nos secteurs seront compromis », a indiqué l’organisation dans un communiqué. Le report crée un climat d’incertitude pour les développeurs et industriels engagés dans des projets nécessitant une visibilité réglementaire claire.