Le réacteur EPR (European Pressurised Reactor) de Flamanville, situé dans le nord-ouest de la France, a atteint pour la première fois sa pleine puissance nucléaire, selon une annonce d’Électricité de France (EDF). Le seuil de 100% a été atteint le 14 décembre à 11h37, avec une production de 1 669 MW de puissance électrique brute, a précisé l’opérateur dans un communiqué, quelques jours après avoir reçu l’approbation de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).
Ce jalon opérationnel intervient plus d’un an après le raccordement du réacteur au réseau électrique en décembre 2024. Initialement prévu pour entrer en service en 2012, Flamanville 3 accuse aujourd’hui un retard de douze années. Le coût du projet, estimé à EUR3,3bn à l’origine, est désormais réévalué à EUR23,7bn ($25,7bn), selon les dernières estimations publiées par la Cour des comptes française sur la base des conditions économiques de 2023.
Un programme de démarrage toujours en cours
EDF a indiqué que cette montée à pleine puissance permet de tester les équipements du réacteur à leur niveau maximal de sollicitation. La phase actuelle consiste à varier les paliers de puissance afin d’effectuer des relevés techniques supplémentaires et d’évaluer la stabilité du fonctionnement du système. Le groupe prévoit également une intervention technique sur un poste électrique interne, sans interruption du raccordement au réseau.
Cette intervention concerne le remplacement complet d’une traversée de 400 kV, connectant les lignes aériennes aux câbles souterrains qui alimentent le transformateur auxiliaire du réacteur. EDF a précisé que l’opération sera réalisée en puissance, évitant toute mise à l’arrêt du réacteur.
Un enjeu stratégique pour la filière nucléaire française
Flamanville 3 est le premier réacteur de troisième génération mis en service en France depuis plus de 25 ans. L’unité se distingue par sa capacité à alimenter environ deux millions de foyers français et constitue, à ce jour, le plus puissant réacteur du parc nucléaire national. Ce développement s’inscrit dans une stratégie de relance du nucléaire annoncée en 2022 par le président Emmanuel Macron, qui prévoit la construction de six nouveaux EPR de type EPR2 et envisage d’en ajouter huit autres.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), document stratégique définissant les priorités énergétiques de la France pour les prochaines années, reste néanmoins en suspens. Les discussions autour du mix énergétique national opposent des blocs politiques sur la place à accorder respectivement au nucléaire et aux énergies renouvelables, retardant l’adoption du texte.
Des projets EPR à l’international déjà opérationnels
Le réacteur de Flamanville s’inscrit dans un parc mondial d’EPR encore limité mais stratégique. Deux unités sont déjà en exploitation à Taishan, en Chine, ainsi qu’un réacteur à Olkiluoto, en Finlande. Le Royaume-Uni construit également deux réacteurs EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Ces projets sont scrutés par les industriels européens comme indicateurs de viabilité technologique et financière pour les futurs développements du nucléaire civil.