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France: Le Rassemblement National, une stratégie énergétique controversée

Le Rassemblement National dévoile une stratégie énergétique axée sur l'expansion du nucléaire et une opposition aux énergies renouvelables, suscitant débats et controverses.
Le Rassemblement National : une stratégie énergétique controversée.

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Le parti de Jordan Bardella, le Rassemblement National (RN), a récemment dévoilé sa vision énergétique pour la France, centrée sur une expansion massive du nucléaire et une opposition ferme aux énergies renouvelables. Cette stratégie, qui inclut également une composante gazière pour répondre aux besoins énergétiques immédiats, suscite des débats intenses parmi les experts et les politiques. Le RN promet de rétablir « un prix français de l’électricité » et de sécuriser l’approvisionnement énergétique, mais ces propositions soulèvent des questions cruciales sur la faisabilité économique et l’impact environnemental.

Indexation des prix de l’électricité

L’une des principales promesses du parti est de rétablir « un prix français de l’électricité » en négociant une baisse de 30 % avec Bruxelles. Cette promesse semble toutefois difficilement réalisable, car le prix de l’électricité se compose d’un tiers de taxes, d’un tiers de coûts de réseau et d’un tiers du coût de l’électricité elle-même. En réalité, ces composantes ne dépendent donc pas du marché. Cette stratégie est vivement critiquée par les experts en raison du risque élevé de pénurie électrique et de l’aggravation du réchauffement climatique. Il critique également l’indexation des prix de l’électricité, estimant que ce mécanisme pénalise particulièrement les ménages à revenus modestes et les petites entreprises, qui subissent les hausses tarifaires sans disposer des mêmes leviers d’ajustement que les grands industriels. Le parti prône une politique de souveraineté énergétique visant à réduire la dépendance aux importations de matières premières énergétiques. Il propose de revoir les mécanismes de fixation des prix de l’électricité pour mieux protéger les consommateurs, ce qui pourrait inclure un encadrement plus strict des hausses tarifaires et la mise en place de tarifs sociaux pour les ménages les plus vulnérables. Cependant, les propositions du RN, bien que séduisantes sur le papier, posent des questions de faisabilité économique. La mise en œuvre de tarifs encadrés pourrait également impliquer une intervention étatique accrue, avec des implications budgétaires et régulatrices complexes. Une intervention trop marquée pourrait dissuader les investissements privés nécessaires à la modernisation des infrastructures énergétiques. Par ailleurs, la stabilité des prix, bien qu’avantageuse pour les consommateurs, doit être équilibrée avec la nécessité de garantir une rentabilité suffisante pour les producteurs d’électricité. La position du parti sur l’indexation de l’électricité reflète une volonté de protéger les consommateurs et de promouvoir une plus grande indépendance énergétique. Toutefois, la mise en œuvre de ces propositions nécessitera une approche équilibrée pour concilier protection des consommateurs, stabilité des prix et attractivité du marché de l’énergie pour les investisseurs.

Une opposition frontale aux énergies renouvelables

Pour le RN, l’éolien et le solaire ne sont pas la solution miracle. Le parti critique leur intermittence et leur faible rendement sans systèmes de stockage adéquats. Selon lui, ces énergies dépendent trop de technologies étrangères, notamment des panneaux solaires chinois, ce qui met en péril la souveraineté énergétique de la France. La défense de l’industrie nationale et européenne est au cœur de son argumentaire, dénonçant une concurrence déloyale et une dépendance technologique qui affaiblissent l’autonomie énergétique du pays. Il dénonce également une énergie trop intermittente pouvant avoir de nombreuses faiblesses en cas de multiplication de périodes de sécheresse et d’augmentation de températures. Même les projets éoliens déjà actés, mais dont les travaux n’ont pas encore commencé, seraient arrêtés selon le parti. Pour les parcs construits, le parti envisage désormais un démantèlement sur mesure à leur arrivée en fin de vie. Jordan Bardella a déclaré vouloir « reconstruire sur le sol français des filières photovoltaïques ». Il assure qu’il n’y a pas d’urgence à faire du solaire en France et que le pays aura le temps d’ouvrir des usines, contredisant les scénarios de RTE, gestionnaire du réseau électrique, sur les forts besoins à venir. De plus, les filières éoliennes et solaires représentent aujourd’hui pratiquement un quart du mix énergétique français.

Le Nucléaire au Cœur de la Vision du RN

Le RN voit dans le nucléaire la clé de l’indépendance énergétique de la France. Le parti propose une augmentation significative du nombre de réacteurs nucléaires, soutenant que cette source d’énergie est la plus viable pour répondre aux besoins croissants tout en réduisant les émissions de CO2. Le parti prévoit que d’ici 2050, 80 % de l’électricité en France sera produite par le nucléaire, dont 11 % proviendront de petits réacteurs modulaires (SMR). Il propose la relance de dix nouveaux réacteurs dès 2031 et dix autres à partir de 2036. Ces objectifs sont jugés irréalistes par l’industrie, dépassant les capacités estimées par EDF. Le déploiement de nouvelles centrales prendra du temps, comme on peut le remarquer avec l’EPR de Flamanville, qui a été mis en service avec 12 ans de retard. Le RN reconnaît que ces infrastructures ne seront pas opérationnelles avant 2035, ce qui implique une période de transition où les énergies fossiles, notamment le gaz, joueront un rôle crucial, allant ainsi à l’encontre des objectifs climatiques globaux. Ces objectifs dépassent ce que le secteur, longtemps en jachère, estime être capable de réaliser. « Faux », assène M. Tanguy, qui suggère que l’État ment sur la capacité à faire plus et qu’il aurait des partenariats avec d’autres grandes nations comme la Corée du Sud et Kepco pour le développer. Néanmoins, le programme repose principalement sur l’utilisation de Réacteurs Modulaires de Petite Taille (SMR) et de Réacteurs à Haute Température (HTGR). Les SMR, bien qu’innovants, sont souvent critiqués pour leur faible puissance par rapport aux réacteurs nucléaires traditionnels. En effet, les SMR produisent généralement entre 50 et 300 mégawatts électriques (MWe) alors que les réacteurs classiques peuvent produire plus de 1000 MWe. De plus, les SMR sont encore en phase de développement et n’ont pas été largement déployés à l’échelle commerciale, ce qui pose des questions sur leur viabilité économique et leur capacité à répondre aux besoins énergétiques croissants de manière fiable. L’accent mis par le RN sur ces réacteurs, au détriment des énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire, est également critiqué. Les experts estiment que les énergies renouvelables sont essentielles pour une transition énergétique équilibrée et durable. Abandonner ces sources d’énergie pourrait ralentir la décarbonation et augmenter la dépendance aux énergies fossiles pendant la période de transition nécessaire à la mise en place des nouvelles infrastructures nucléaires.

L’hydroélectricité comme alternative stratégique

L’hydroélectricité occupe également une place importante dans la stratégie énergétique du RN. Le parti propose de transférer la gestion des barrages à EDF pour améliorer l’efficacité et la production énergétique nationale. Cette mesure vise à contourner les obstacles juridiques et à maximiser l’utilisation des ressources hydrauliques du pays. Il estime que l’hydroélectricité peut offrir une alternative stable aux énergies intermittentes comme l’éolien et le solaire.

Stratégie Gazière du Rassemblement National : Analyse et Critiques

Le parti a récemment intégré une composante gazière dans son programme énergétique visant à répondre aux besoins énergétiques immédiats de la France en attendant la mise en place des nouvelles infrastructures nucléaires. Cette stratégie suscite à la fois des espoirs et des critiques. Pour pallier le retard inévitable dans le déploiement des nouvelles capacités nucléaires, le parti propose d’utiliser temporairement les centrales à gaz. Cette solution transitoire est envisagée pour garantir la stabilité énergétique du pays pendant les plusieurs décennies nécessaires à la construction et à la mise en service de nouvelles infrastructures nucléaires. Les centrales à gaz combleraient ainsi les lacunes de production d’énergie durant cette période.

Critiques et Problèmes

L’utilisation accrue des centrales à gaz est fortement critiquée en raison de son impact sur les émissions de CO2, ce qui contredit les objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Bien que le gaz soit moins polluant que le charbon, il reste une source d’énergie fossile avec une empreinte carbone significative, ce qui pose un problème pour les ambitions climatiques de la France. De plus, le recours aux centrales à gaz augmente la dépendance énergétique de la France aux importations de gaz, notamment en provenance de Russie et d’autres pays exportateurs, notamment du Moyen-Orient. Cette dépendance crée des risques géopolitiques et économiques, surtout en période de tensions internationales ou de fluctuations des prix du gaz. Le RN envisage également de soutenir les infrastructures de gazoduc pour sécuriser les approvisionnements en gaz. Cependant, cette stratégie pourrait entrer en conflit avec les objectifs européens de réduction de la dépendance aux énergies fossiles et de promotion des énergies renouvelables.

Repenser la Taxe Carbone et le Marché Européen

Le parti de Jordan Bardella propose également une révision de la taxe carbone aux frontières pour inclure tous les produits importés pouvant être produits en Europe. Cette mesure vise à protéger l’industrie européenne en rendant les produits importés plus chers, encourageant ainsi la production locale et réduisant les émissions globales de CO2. En réalité, il est très difficile de mettre en œuvre de telles applications en raison de la production extrêmement dispersée des produits manufacturés et du suivi extrêmement complexe à gérer efficacement.

La transition vers les véhicules électriques du RN

Le RN s’oppose à l’interdiction des véhicules thermiques prévue pour 2035. Il soutient que cette mesure serait coûteuse pour les classes moyennes et nuirait à l’industrie automobile française. Le parti propose une transition plus progressive vers les véhicules électriques, estimant qu’une interdiction rapide pourrait entraîner des pertes d’emplois significatives et mettre en danger l’industrie nationale. Ce point de vue est vivement critiqué par l’entreprise Renault, l’un des plus grands groupes français, qui met en place une transition complète vers les modèles entièrement électriques d’ici 2035 grâce à des investissements actuellement très importants. Le RN veut laisser la possibilité d’acheter des voitures neuves à essence, à rebours du choix européen de les interdire en 2035. « On ne remet pas en cause la transition vers des véhicules propres, mais on retire cette contrainte vécue comme une humiliation inutile », estime M. Tanguy. De plus, il propose de réduire la TVA sur les énergies fossiles à 5,5 %, ce qui coûterait 168 milliards d’euros aux finances publiques. Une telle proposition va à l’encontre des énergies renouvelables et des transports en commun, incitant à l’utilisation quotidienne des carburants. Le parti ambitionne d’obtenir une « dérogation temporaire » de la Commission Européenne pour abaisser la TVA sur les carburants dès cet été, a déclaré le député Jean-Philippe Tanguy. L’Union européenne interdit d’abaisser la TVA sur les carburants au taux minimum pour respecter le pacte vert et l’objectif de décarbonation. Néanmoins, Jean-Philippe Tanguy a admis que la négociation serait ardue pour le carburant, évoquant la nécessité de mettre en place un « rapport de force » pour obtenir une dérogation définitive dès 2027.

Le Programme Hydrogène du RN : Ambitions et Réalités

Le RN entend développer l’hydrogène vert produit par électrolyse de l’eau pour réduire les émissions de CO2. Les axes principaux de ce programme incluent des investissements massifs dans la recherche et le développement (R&D), la création d’infrastructures de distribution, des partenariats publics-privés et des programmes de formation spécialisés. Cependant, la production d’hydrogène vert reste coûteuse. Les technologies nécessaires pour le stockage et le transport impliquent des investissements importants, sans qu’un cadre financier clair ne soit présenté. Il doit préciser comment il compte financer ces initiatives et attirer les investisseurs privés nécessaires.

Défis Techniques

Le transport et le stockage de l’hydrogène posent des défis techniques majeurs. Les infrastructures actuelles ne sont pas adaptées et les coûts associés à leur développement sont élevés. Le RN mise sur des avancées technologiques, mais ces solutions ne seront pas disponibles à court terme, ce qui soulève des doutes sur la capacité à atteindre les objectifs fixés. L’accent mis sur l’hydrogène pourrait détourner des investissements d’autres énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien, déjà plus avancées et moins coûteuses. De plus, la production d’hydrogène nécessite une grande quantité d’électricité qui doit impérativement être renouvelable pour que l’impact environnemental soit réellement bénéfique. Le programme du RN sur l’hydrogène est ambitieux et démontre une volonté de positionner la France en leader de l’innovation énergétique. Toutefois, la réussite de cette initiative dépend de la résolution de défis financiers, techniques et stratégiques importants. Pour transformer cette ambition en réalité, le parti doit adopter une approche pragmatique et garantir la cohérence avec les autres sources d’énergie renouvelable.

Réductions budgétaires et déficit public

Une trajectoire sera présentée ultérieurement, avec l’objectif similaire à celui du gouvernement actuel de ramener le déficit sous 3 % du PIB en 2027. « Il n’y a pas de miracle » : des économies seront nécessaires dès 2025, prévient-il, avançant le chiffre de 20 milliards d’euros. « Les décisions seront très lourdes. » Les économies viendront des restrictions liées à l’immigration, de la suppression de niches fiscales comme celle des armateurs, ou d’une moindre contribution au budget européen, dit sans chiffrer M. Tanguy, évoquant aussi une augmentation des prélèvements sur les profits des énergéticiens. Ainsi, la stratégie énergétique du Rassemblement National, bien qu’ambitieuse, présente des défis importants. En misant sur le nucléaire comme pilier de l’indépendance énergétique de la France, le parti cherche à garantir une production stable et à faible émission de CO2. Cependant, l’opposition aux énergies renouvelables et la complexité des projets nucléaires soulèvent des questions sur la faisabilité et l’impact environnemental. La promesse de baisser les prix de l’électricité et de renforcer l’indépendance énergétique reste à prouver, avec des obstacles économiques et techniques significatifs à surmonter. Pour réussir, le RN devra équilibrer les besoins immédiats en énergie avec les objectifs à long terme de durabilité et de réduction des émissions de CO2, tout en naviguant les complexités du marché énergétique européen et les impératifs climatiques globaux.

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