La situation mondiale des émissions de gaz à effet de serre continue de susciter des préoccupations majeures. Selon le dernier rapport annuel sur l’écart d’émissions publié par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), il est crucial que les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris soient renforcés et appliqués sans plus attendre. À défaut, le monde se dirigerait vers une augmentation de la température moyenne mondiale de 2,6 à 3,1 degrés Celsius d’ici la fin du siècle. Une telle évolution aurait des répercussions dévastatrices sur les populations, les écosystèmes et les économies à l’échelle planétaire.
D’après ce rapport, publié le 24 octobre 2024, les pays signataires de l’Accord de Paris doivent soumettre leurs contributions déterminées au niveau national (NDC) révisées pour 2035 au plus tard en février 2025. Pour rappel, les NDC représentent les engagements pris par chaque pays pour réduire leurs émissions. Les États-Unis, par exemple, ont promis en 2021 de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52 % d’ici 2030, en référence aux niveaux de 2005. Cependant, la mise en œuvre de ces engagements reste incertaine, en particulier pour les membres du G20.
Les membres du G20 en première ligne
Le rapport souligne que les 20 pays les plus émetteurs, regroupés sous l’appellation de G20, sont responsables de 77 % des émissions mondiales de 2023, avec les six plus gros émetteurs cumulant à eux seuls 63 % du total. En 2023, les émissions mondiales ont atteint un niveau record de 57,1 gigatonnes, en hausse de 1,3 % par rapport à l’année précédente. La plupart des grandes économies en développement comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie et le Mexique n’ont pas encore atteint leur pic d’émissions, une étape essentielle pour envisager une réduction nette de ces émissions à terme.
En revanche, pour les membres du G20 ayant déjà atteint leur pic d’émissions, tels que le Canada, le Japon et l’Union européenne, le rapport insiste sur la nécessité d’accélérer le rythme de décarbonisation. Les réductions d’émissions devront être drastiquement augmentées après 2030 pour permettre aux pays de respecter leurs objectifs de neutralité carbone.
Un défi de décarbonisation exponentiel
Pour respecter l’objectif d’une limitation de la hausse des températures à 1,5°C, la réduction annuelle des émissions mondiales doit atteindre entre 4 % et 7,5 % d’ici 2035. Cependant, dans un scénario où les pays reporteraient leurs engagements jusqu’en 2030, la réduction annuelle nécessaire s’élèverait entre 8 % et 15 % pour rester alignée sur une trajectoire de réchauffement de 2°C maximum.
Le rapport de l’ONU insiste également sur une réforme de l’architecture financière mondiale, afin de stimuler l’investissement dans les projets de réduction des émissions. L’augmentation des investissements nécessaires dans les énergies propres et les technologies de décarbonisation devrait être au moins multipliée par six, souligne le rapport.
Des appels pressants à l’action
Selon Rachel Cleetus, directrice de la politique du programme climat et énergie à l’Union of Concerned Scientists, ce rapport vient confirmer l’insuffisance des efforts actuels des nations. Elle appelle les gouvernements à répondre aux avertissements clairs de ce rapport en renforçant leurs NDC pour 2035 et en instaurant des politiques robustes pour les concrétiser.
Le défi est immense, et le temps presse. La réunion de la COP29, prévue le mois prochain à Bakou, en Azerbaïdjan, devrait fournir une plateforme aux dirigeants pour aligner leurs politiques et leurs engagements sur les objectifs climatiques globaux. La réussite de ces engagements pourrait conditionner la stabilité climatique mondiale pour les décennies à venir.