L’Afrique du Sud a lancé un processus de libéralisation partielle de son réseau ferroviaire afin d’améliorer la logistique de ses exportations minières, en particulier celles du charbon thermique. Transnet SOC Ltd., par le biais de sa division Transnet Rail Infrastructure Manager (TRIM), a récemment finalisé l’attribution de licences à 11 opérateurs privés pour exploiter 41 lignes ferroviaires et six corridors logistiques sur une période allant jusqu’à dix ans. L’objectif est de renforcer le transport de marchandises, dont le charbon, le chrome, le manganèse et les carburants, vers les principaux ports d’exportation.
Cette initiative intervient après des années de sous-investissement et de problèmes structurels ayant freiné le secteur minier. La mise en œuvre de ces nouveaux partenariats pourrait améliorer la fiabilité du transport ferroviaire, élément stratégique pour le terminal de Richards Bay Coal Terminal (RBCT), principale plateforme d’exportation de charbon du pays.
De nouveaux accès pour les producteurs de charbon
Les entreprises minières sud-africaines Menar et Exxaro Resources Ltd. ont déjà signé des accords avec Transnet pour accéder à certaines routes ferroviaires. Ces accès privilégiés visent à optimiser le flux de marchandises, réduire les coûts opérationnels et accroître la compétitivité du charbon sud-africain face à ses concurrents internationaux. D’autres sociétés minières sont attendues dans les prochaines semaines pour rejoindre le dispositif.
Les volumes exportés depuis RBCT ont atteint 52,1 millions de tonnes en 2024, contre 47,2 millions en 2023. Le premier semestre 2025 affiche plus de 27 millions de tonnes expédiées, plaçant l’objectif annuel de 55 millions de tonnes à portée. Cette reprise s’explique en partie par les améliorations logistiques et l’implication croissante du secteur privé dans le réseau ferroviaire.
Des coûts optimisés dans un marché sous pression
La baisse continue des prix du charbon thermique FOB Richards Bay, tombés à $65,50/mt en juillet 2025 après un sommet de $429,90/mt en mars 2022, a fortement pesé sur les marges des producteurs. Dans ce contexte, une logistique ferroviaire plus efficace permettrait de baisser les coûts d’expédition, rendant les exportations sud-africaines plus compétitives sur les marchés asiatiques.
Les interruptions fréquentes sur les lignes opérées exclusivement par Transnet avaient auparavant désavantagé les fournisseurs sud-africains face à ceux de Russie, d’Australie, de Colombie et d’Indonésie. Ces derniers disposent d’infrastructures logistiques plus fiables, facilitant la conclusion de contrats à long terme avec les acheteurs asiatiques.
Résultats visibles du plan de redressement de Transnet
Depuis la mise en place de son plan de redressement en août 2023, Transnet a enregistré plusieurs avancées opérationnelles. Le nombre d’incidents liés au vol de câbles est passé de 5 506 en 2021-22 à 3 877 en 2022-23, avec une perte réduite de Rand 2,10 milliards ($110mn) à Rand 1,68 milliard ($88mn). Par ailleurs, la flotte de locomotives opérationnelles a été renforcée, permettant une hausse de 8,7 % du volume de marchandises transportées par rail, atteignant 193 millions de tonnes pour l’exercice 2024-25.
Au niveau portuaire, la capacité de traitement des conteneurs a progressé, passant de 4 229 unités en 2022-23 à près de 5 000 en 2024-25. Le trafic automobile a également augmenté. Ces améliorations ont contribué à accroître la fluidité des expéditions au départ de RBCT.
Une coopération encore en phase d’ajustement
Les partenaires du secteur privé doivent désormais adapter leurs opérations à un réseau longtemps monopolisé par une gestion centralisée. Les responsables industriels jugent néanmoins les premiers résultats encourageants. Selon le directeur général de Menar, Vuslat Bayoglu, les améliorations déjà observées sur le terrain pourraient, dans un délai de deux à trois ans, réduire sensiblement les problèmes logistiques encore présents.
Les négociations en cours entre Transnet et les opérateurs sélectionnés devraient se traduire par une montée en charge progressive du trafic ferroviaire, permettant aux exportateurs sud-africains de mieux se positionner sur un marché mondial du charbon en mutation rapide.