Le projet de construction d’un technocentre à Fessenheim, lancé par EDF sur le site de l’ancienne centrale nucléaire fermée en 2020, suscite une vive controverse. Ce technocentre, destiné au recyclage des déchets métalliques faiblement radioactifs, a pour objectif de traiter des matériaux issus des centrales nucléaires françaises, mais aussi potentiellement de sites étrangers. Le débat public, organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP), a été marqué par une forte participation, bien que certaines associations aient choisi de se retirer en raison de ce qu’elles considèrent comme un débat déséquilibré.
Des soutiens locaux enthousiastes mais des critiques persistantes
Le projet est accueilli favorablement par de nombreux acteurs locaux. Claude Brender, le maire de Fessenheim, soutient fermement l’initiative, la qualifiant de « projet industriel d’avenir » pour la région. Il considère que le recyclage des métaux faiblement radioactifs, qui inclut des matériaux provenant de centrales nucléaires françaises et internationales, est une « démarche vertueuse ». Le maire souligne les retombées économiques potentielles pour la communauté locale, estimées à 2,5 millions d’euros par an, ainsi que la création de 200 emplois permanents. Il affirme également que le projet ne présentera aucun risque pour la santé publique, les rejets étant prévus pour être captés et traités.
Des oppositions concernant la rentabilité et les risques sanitaires
Malgré ce soutien local, des oppositions significatives émergent. Les critiques se concentrent sur la rentabilité du projet et sur les possibles impacts sanitaires. Le coût total du projet est estimé à 450 millions d’euros, un montant jugé excessif par certains observateurs, qui estiment que les contribuables français risquent de supporter une grande partie de la facture. Daniel Reninger, de France Nature Environnement, souligne l’absence de projet de budget de fonctionnement et met en garde contre une potentielle dérive financière, en citant le cas de la société Cyclife, filiale d’EDF en Suède, qui gère des projets similaires mais avec une dette d’exploitation de 65 millions d’euros.
En matière de santé publique, des associations comme Stop Fessenheim alertent sur le risque que des objets du quotidien fabriqués à partir de métaux faiblement radioactifs puissent constituer un danger à long terme, notamment en raison des faibles doses de radiations cumulées au fil du temps. D’autres préoccupations concernent le risque sismique dans la région, où la construction du technocentre est prévue à neuf mètres sous le niveau du canal du Rhin.
Le cadre du débat et les perspectives futures
Le débat public organisé autour de ce projet a été largement dominé par EDF, qui a été accusé par certains participants d’avoir trop d’influence sur les discussions. Cette situation a alimenté des tensions et des accusations d’irrégularité dans la gestion du processus. Malgré ces dissensions, EDF a promis de publier les enseignements tirés du débat pour apaiser les inquiétudes et fournir plus de transparence sur les risques et les bénéfices du projet.