Le ministère de l’Énergie du Chili a récemment présenté au congrès un projet de loi visant à tripler la subvention d’électricité en réponse à la hausse des prix de l’énergie. Depuis l’application de la loi de Stabilisation des Tarifs d’Électricité, les tarifs ont connu des augmentations significatives. Le projet propose également un durcissement des sanctions pour les distributeurs d’électricité ne respectant pas leurs obligations, doublant les amendes et augmentant les compensations pour les interruptions de service.
Bien que la mesure cherche à protéger les consommateurs face à ces hausses, plusieurs acteurs du secteur expriment des inquiétudes quant à ses effets économiques. Eduardo Perez de Scientiis, spécialisé dans l’analyse des risques des marchés de l’électricité, avertit que l’augmentation des tarifs de 30 % à 40 % pèse lourdement sur différents segments de la population. Il estime que cette initiative pourrait avoir des conséquences politiques en pleine période électorale, en favorisant une adoption rapide.
Incertitude pour les investissements énergétiques
Les professionnels de l’industrie considèrent que le projet de loi introduit un climat d’incertitude. Les représentants de l’Asociación Chilena de Energía Solar, l’Asociación Chilena de Energías Renovables y Almacenamiento, la Unión de Generadoras de Chile et la Unión de Pequeños y Medianos Generadores affirment que cette législation pourrait entraver le développement de nouveaux projets et compromettre les revenus prévus des infrastructures existantes. Ils signalent également une remise en question de la confiance envers les autorités politiques, risquant de freiner la dynamique de développement en cours dans le secteur.
Ce projet de loi pourrait réduire la production d’énergie renouvelable et limiter l’émission de certificats I-REC, marché en croissance continue depuis 2020. Selon les données de la fondation I-TRACK, les émissions totales d’I-REC au Chili ont atteint 23,5 millions de MWh jusqu’en août 2024, contre 17,9 millions de MWh pour l’ensemble de 2023. Le ralentissement des projets pourrait impacter le volume futur de ces certificats.
Évolutions du marché des certificats I-REC
Valentina de Vidts de Cero Trade note que la réduction potentielle de l’offre d’I-REC, en cas de baisse de la production renouvelable, pourrait provoquer une hausse des prix, notamment si la demande en certificats climatiques reste soutenue. Les dernières évaluations de Platts indiquent des prix de 67 cents/MWh pour les certificats de 2024 et de 60 cents/MWh pour le millésime 2023.
Les acteurs du marché surveillent de près l’évolution de cette législation et ses répercussions sur le cadre d’investissement. Un environnement juridique incertain et une répartition déséquilibrée des charges financières dans le secteur pourraient dissuader les nouvelles initiatives énergétiques et influencer négativement la trajectoire de croissance des énergies renouvelables.
L’orientation future du cadre réglementaire et les décisions législatives à venir seront cruciales pour la compétitivité et l’attractivité du secteur des énergies renouvelables au Chili, tout en déterminant la dynamique du marché des I-REC.