Le président américain Donald Trump a détaillé, le 5 mars 2025, un projet ambitieux de gazoduc en Alaska, visant à relier le nord de l’État à un port du sud, où le gaz serait transformé en gaz naturel liquéfié (GNL) pour être exporté en Asie. Ce projet, d’une envergure internationale, a pour objectif de répondre à la demande croissante de gaz naturel, notamment au Japon, en Corée du Sud et dans d’autres régions d’Asie.
Ce projet fait revivre un ancien plan de gazoduc qui avait émergé après la découverte, en 1967, de grandes réserves de gaz et de pétrole au nord de l’Alaska. Initialement lancé dans les années 1970, puis relancé dans les années 2000, ce projet avait échoué par le passé en raison de la viabilité économique incertaine. Aujourd’hui, il renaît sous la forme du « Alaska LNG », porté par le groupe américain Glenfarne, avec un coût estimé à 44 milliards de dollars (41 milliards d’euros). Ce gazoduc, long de 1 300 kilomètres, permettrait de transporter 100 millions de mètres cubes de gaz chaque jour vers un terminal situé à Nikiski, près d’Anchorage.
Le gazoduc serait presque entièrement enterré et devrait parvenir à son terminal de liquéfaction, où le gaz serait transformé en GNL avant d’être expédié par navire méthanier vers l’Asie. La navigation entre l’Alaska et le marché asiatique prendrait entre sept et neuf jours, une distance favorable à une exportation rapide du GNL. Le projet vise à combler les besoins énergétiques croissants de pays comme le Japon, qui a exprimé son intérêt pour des « quantités record » de gaz naturel américain, ainsi que des régions comme les Philippines et Taïwan.
Le marché asiatique représente un débouché stratégique pour l’Alaska, particulièrement après la rencontre de février 2025 entre Donald Trump et le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba. Bien que des discussions soient en cours avec la Corée du Sud, aucun accord concret n’a encore été signé. Le projet pourrait également contribuer à réduire la dépendance des États-Unis vis-à-vis des importations énergétiques tout en renforçant ses relations commerciales avec les nations asiatiques.
Un projet aux dimensions internationales
Les discussions actuelles sur le projet de gazoduc font écho aux précédentes tentatives de l’Alaska pour développer ses réserves énergétiques. Cependant, le soutien gouvernemental sous l’administration Trump pourrait bien en faire une réalité, bien que les premières livraisons ne soient pas attendues avant 2030. Le groupe Glenfarne, en charge du développement, prévoit d’obtenir les dernières autorisations nécessaires pour démarrer la construction, après des années de préparation et de négociations.
Le marché du GNL en Asie, notamment en Chine, en Corée du Sud et au Japon, est l’un des plus dynamiques au monde, ce qui rend ce projet particulièrement stratégique. L’objectif est de répondre à la demande croissante en GNL, et de soutenir les économies asiatiques dans leur transition énergétique, tout en offrant aux États-Unis une position dominante dans le secteur du gaz naturel mondial. Si le projet se concrétise, il pourrait transformer la dynamique énergétique entre l’Alaska et ses principaux partenaires asiatiques.
Des enjeux économiques et géopolitiques majeurs
Ce projet de gazoduc pourrait non seulement renforcer la position des États-Unis comme acteur clé du marché énergétique mondial, mais aussi transformer les relations commerciales entre l’Amérique du Nord et l’Asie. Les implications pour les relations géopolitiques et commerciales sont considérables, car ce gazoduc permettrait aux États-Unis de diversifier davantage leurs exportations de GNL, tout en augmentant leur influence sur le marché énergétique mondial.
La concurrence avec d’autres producteurs de GNL, notamment le Qatar, la Russie et l’Australie, reste un défi pour ce projet. Toutefois, la position géographique de l’Alaska pourrait jouer en sa faveur, en réduisant le temps de transport vers les marchés asiatiques. Le projet pourrait ainsi contribuer à une redistribution des flux énergétiques mondiaux dans les années à venir.