Le projet de loi budgétaire présenté par la Commission des moyens et des ressources de la Chambre des représentants des États-Unis propose une révision majeure des mécanismes fiscaux soutenant les énergies renouvelables. En cas d’adoption, les crédits d’impôt à l’investissement (Investment Tax Credit, ITC) et à la production (Production Tax Credit, PTC) seraient progressivement supprimés entre 2029 et 2032, avec des conséquences attendues sur la filière énergétique nationale.
Le retrait des crédits d’impôt compromet les projets solaires
L’élimination anticipée du crédit d’impôt résidentiel prévu à l’article 25D, dès 2026, impacte directement les installations financées par emprunt ou en numéraire. Selon l’analyse de Wood Mackenzie, les projets solaires à grande échelle risquent également de ralentir, tandis que la suppression de la transférabilité des crédits freinerait les stratégies de financement actuelles. Par ailleurs, les exigences liées aux entités étrangères préoccupantes (Foreign Entities of Concern, FEOC), ciblant notamment les fournisseurs chinois, pourraient réduire considérablement l’accès au marché américain pour certains fabricants.
Le vent confronté à un calendrier d’éligibilité plus contraignant
Le marché de l’éolien, déjà soumis à des contraintes structurelles, subirait une pression accrue avec la suppression anticipée des crédits pour composants. Le passage de la référence temporelle du « début de construction » à la « mise en service » dans les critères d’éligibilité augmente l’incertitude pour les investisseurs et développeurs. Malgré une accélération anticipée des mises en chantier, le pipeline de projets terrestres entre 2025 et 2027 – estimé à près de 11 GW – pourrait ne pas satisfaire aux nouvelles conditions.
Le stockage d’énergie pénalisé par la combinaison de taxes et de dépendance à la Chine
Les développeurs de systèmes de stockage d’énergie devront faire face à la disparition potentielle des crédits d’impôt pour les projets débutant après 2026, en raison des restrictions FEOC. Actuellement, près de 97 % du matériau cathodique LFP (lithium-fer-phosphate) est d’origine chinoise. Les délais de mise en service, souvent sujets à report, aggravent les risques pour les prêteurs et investisseurs, accentuant les incertitudes du secteur.
L’hydrogène vert et le nucléaire touchés par les nouvelles dispositions
La suppression annoncée du crédit d’impôt 45V pour la production d’hydrogène propre dès janvier 2026 compromet la viabilité de 95 % des capacités annoncées aux États-Unis. Les développeurs sont contraints d’accélérer leurs projets ou d’envisager des annulations. En parallèle, le secteur nucléaire verrait la réduction de ses flux d’incitation, bien que 96 GW de capacités restent attendus à l’horizon 2035, selon Wood Mackenzie.
Le captage de carbone reste soutenu malgré l’ajustement du crédit 45Q
Le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (Carbon Capture, Utilization and Storage, CCUS) demeure le secteur le moins impacté par le projet législatif. La valeur et la durée du crédit 45Q, inchangées, continuent de faire du dispositif américain l’un des plus compétitifs au niveau mondial. Deux ajustements techniques sont prévus, sans remise en cause de l’attractivité du mécanisme selon Wood Mackenzie.