Le projet Binchang, développé par Harbin Electric Corporation, marque une étape importante dans l’évolution des technologies à base de charbon. Situé dans la province du Shaanxi, en Chine, ce projet intègre la première chaudière à lit fluidisé circulant (CFB) ultra-supercritique de 660 MW, la plus grande jamais construite. Mais alors que la transition énergétique mondiale progresse, ce type d’installation soulève des questions cruciales sur l’avenir du charbon.
Une prouesse technologique au service de l’efficacité énergétique
Avec une pression de vapeur atteignant 29,3 MPa et des températures de fonctionnement dépassant les 600 °C, cette chaudière établit de nouvelles références. Elle permet une conversion efficace de combustibles non conventionnels, tels que le charbon à faible valeur calorifique, les résidus de mine (houille, slime et gangue), tout en minimisant les émissions grâce à une désulfuration de 95 %.
Ce modèle ultra-supercritique, entièrement conçu et fabriqué en Chine par Harbin Boiler Company, Harbin Turbine Company et Harbin Electric Machinery Company, démontre l’expertise technologique de ces acteurs. Il constitue une avancée significative en matière de production énergétique à faible coût, adaptée à des besoins industriels et résidentiels croissants.
Un projet au carrefour des enjeux environnementaux
Le projet ne se limite pas à la production d’électricité. Il intègre des initiatives écologiques essentielles :
– La valorisation des déchets solides et des eaux de mine, utilisés pour la production d’énergie.
– La restauration des terrains dégradés dans le bassin du fleuve Jaune, en lien avec des objectifs de réhabilitation environnementale.
Cependant, ces efforts sont tempérés par la nature même du combustible utilisé : le charbon. Malgré des technologies réduisant les émissions, cette installation émettra toujours une quantité importante de dioxyde de carbone (CO₂), contribuant au réchauffement climatique.
Les paradoxes d’un investissement dans le charbon
Ce projet s’inscrit dans une stratégie énergétique nationale. La Chine, bien qu’investissant massivement dans les énergies renouvelables, continue de développer des technologies de pointe pour le charbon afin de garantir la stabilité de son réseau électrique. L’objectif est double :
1. Sécuriser un approvisionnement énergétique fiable pour les régions industrielles et résidentielles.
2. Valoriser des ressources locales de faible qualité souvent inutilisées.
Pourtant, cet investissement pose question. Les engagements climatiques internationaux prônent une sortie progressive du charbon. Dans ce contexte, la Chine pourrait se trouver en décalage avec les exigences des marchés mondiaux et les objectifs de réduction des émissions.
Une technologie exportable ou un modèle strictement national ?
La technologie CFB ultra-supercritique développée pour le projet Binchang montre un potentiel d’exportation. Avec ses rendements énergétiques accrus et ses faibles émissions locales, elle pourrait répondre aux besoins de certains pays encore dépendants du charbon.
Cependant, la pression internationale pour abandonner les combustibles fossiles limite l’attractivité de telles installations. Les pays en transition énergétique préfèrent désormais des solutions renouvelables, plus compétitives sur le long terme. Ainsi, cette innovation pourrait rester cantonnée aux marchés nationaux, où le charbon conserve une place stratégique.