Les négociations sur le dossier nucléaire iranien se retrouvent au point mort après la mort du président Ebrahim Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, dans un accident d’hélicoptère. L’IAEA (International Atomic Energy Agency), qui espérait débloquer la situation après une visite récente en Iran, doit désormais patienter. Le directeur général de l’IAEA, Rafael Grossi, exprime son inquiétude quant aux intentions de l’Iran, soulignant les récentes déclarations publiques sur les capacités techniques du pays à produire des armes nucléaires et les possibles changements de sa doctrine nucléaire. Malgré les démentis de Téhéran concernant son intention de se doter de la bombe, l’Iran dispose maintenant de suffisamment de matière pour en fabriquer trois. La mort de Raïssi complique les discussions alors que le Moyen-Orient est en proie à des tensions croissantes. Au retour de son séjour en Iran début mai, Grossi avait demandé des résultats concrets rapidement, espérant des avancées avant le Conseil des gouverneurs prévu la semaine prochaine.
Des quantités d’uranium enrichi au-delà des limites
Les derniers rapports de l’IAEA révèlent une accumulation inquiétante de stocks d’uranium enrichi en Iran. Ces stocks s’élevaient à 6 201,3 kg, soit plus de 30 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015. Cet accord, connu sous l’acronyme JCPOA, encadrait les activités atomiques de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales, sous la supervision de l’IAEA. Cependant, l’Iran s’est progressivement affranchi de ses engagements depuis le retrait des États-Unis de l’accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump. En outre, Téhéran a largement dépassé le plafond d’enrichissement fixé à 3,67%, atteignant désormais des niveaux alarmants. L’Iran possède 751,3 kg d’uranium enrichi à 20% et 142,1 kg d’uranium enrichi à 60%, proche des 90% nécessaires pour élaborer une arme atomique. Cette situation alimente les craintes internationales, d’autant plus que les inspections des sites nucléaires ont été fortement réduites et des caméras de surveillance débranchées.
Des pressions internationales croissantes
Dans ce contexte tendu, Londres, Paris et Berlin, parties au JCPOA avec la Russie et la Chine, poussent pour une résolution condamnant l’escalade nucléaire iranienne lors du prochain Conseil des gouverneurs. Cependant, les États-Unis se montrent réticents, craignant d’envenimer les tensions géopolitiques au Moyen-Orient à l’approche de l’élection présidentielle américaine de novembre. Kelsey Davenport, experte de l’Arms Control Association, appelle à une action rapide, avertissant qu’attendre après le scrutin américain ne ferait qu’exacerber les défis actuels et envoyer le signal que Téhéran peut bafouer ses obligations internationales en toute impunité. Davenport suggère que les États-Unis devraient mettre sur la table une offre incluant un allègement des sanctions pour désamorcer les tensions et écarter la menace d’un Iran doté de l’arme nucléaire. Cette proposition vise à encourager un retour aux discussions et à prévenir une nouvelle escalade.
Impacts et conséquences
La situation actuelle autour du programme nucléaire iranien a des implications majeures pour la sécurité régionale et internationale. La possibilité que l’Iran se dote de l’arme nucléaire pourrait déclencher une course aux armements au Moyen-Orient, exacerbant les tensions et les conflits existants. De plus, la réduction des inspections et des surveillances par l’IAEA complique la capacité de la communauté internationale à vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien.
La mort de Raïssi et le report des discussions rendent la situation encore plus incertaine. Les prochaines élections présidentielles en Iran pourraient changer la donne, mais en attendant, la communauté internationale doit trouver des moyens de gérer les risques et d’encourager l’Iran à respecter ses engagements internationaux.