Le Nouveau Front Populaire (NFP) propose un bouleversement énergétique pour les élections législatives françaises de 2024, avec des mesures marquées par une division sur le nucléaire mais un consensus sur plusieurs points clés. La coalition, récemment formée pour ces élections, s’est distinguée par un programme énergétique particulièrement controversé. Leurs propositions visent à transformer radicalement le paysage énergétique du pays, en mettant l’accent sur les énergies renouvelables et la transition énergétique. La coalition regroupe divers partis de gauche, unis par une vision commune de durabilité environnementale, mais les divergences internes et les implications économiques de leurs idées suscitent des débats.
Division sur la Question du Nucléaire
Le programme énergétique de la coalition de gauche évite de prendre une position explicite sur l’énergie nucléaire, reflétant les divergences au sein de la gauche. Le Parti socialiste considère l’atome comme une « énergie de transition » vers les renouvelables, bien que cette position ne fasse pas l’unanimité parmi ses membres. La France Insoumise et Les Écologistes militent pour une sortie complète du nucléaire et un passage à 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2045, tout en s’opposant à la construction de nouveaux réacteurs EPR alors que le parlement a voté une loi de relance du secteur en mai 2023. En revanche, le Parti communiste français soutient fermement le nucléaire, voyant l’atome comme central à un service public de l’énergie fort. Ainsi, la seule intention claire qui fait consensus au sein du de l’alliance des partis de gauche est la volonté de revenir sur la fusion entre l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), jugée dangereuse pour la sûreté des centrales nucléaires françaises.
Consensus sur les Énergies Renouvelables et la Planification Écologique
Malgré ces divisions, il existe un consensus sur certaines mesures importantes. Tous s’accordent pour contraindre les banques à atteindre le « zéro financement pour les énergies fossiles », ciblant particulièrement les projets pétroliers de TotalEnergies. Ainsi, sur ce point, ils soutiennent les directives mises en place par le gouvernement Macron. Il y a aussi un soutien unanime au développement des énergies renouvelables. Le programme ambitionne de faire de la France un leader européen dans les énergies marines, telles que l’éolien en mer et les énergies hydrauliques, et de renforcer les filières de production d’énergies renouvelables en France et en Europe.
De plus, l’alliance de gauche s’oppose fermement à la privatisation des barrages hydroélectriques français, une mesure actuellement en cours sous la pression de l’Union européenne. Cette dernière, dans une volonté d’imposer une concurrence accrue sur le marché de l’énergie, pousse la France à privatiser ces infrastructures essentielles. La privatisation a déjà commencé, avec des entreprises comme Engie, EDF et TotalEnergies qui détiennent des parts significatives dans le secteur hydroélectrique. Bien que le gouvernement actuel souhaite conserver une part de contrôle, il prévoit néanmoins de privatiser une grande partie des barrages. Le NFP critique cette approche, arguant que la privatisation des barrages mettrait en péril la gestion publique de l’eau et de l’énergie, et propose de maintenir ces infrastructures sous contrôle public pour garantir la souveraineté énergétique et la protection des ressources naturelles.
Concernant les prix de l’énergie, le programme s’engage à « abolir » la hausse de 10 % des prix de l’électricité prévue pour février et à « annuler » la hausse de 11,7 % des prix du gaz prévue pour juillet. Ces mesures sont très populaires, car les Français sont particulièrement préoccupés par l’augmentation des coûts énergétiques.
Perspectives et Limites du Programme Énergétique du Nouveau Front Populaire
Le programme du NFP présente des lacunes notables en termes de viabilité. Une transition trop abrupte vers les énergies renouvelables provoquerait des perturbations inévitables dans notre approvisionnement énergétique. De plus, malgré le fait que le Parti socialiste et le Parti communiste soutiennent l’utilisation du nucléaire, certains partis comme La France Insoumise (majoritaire au sein de la coalition) et Les Écologistes prônent une sortie rapide du nucléaire. Cette volonté va à l’encontre de la politique française de relance du nucléaire civil en vigueur depuis plusieurs années. Le nucléaire a toujours été un pilier de la puissance énergétique française, générant environ 40 % de notre électricité. Se passer de cette source d’énergie serait extrêmement préjudiciable pour notre économie et notre consommation domestique.
En outre, le nucléaire est une énergie pratiquement non polluante, et les avancées technologiques dans ce domaine sont prometteuses. La fission nucléaire, en particulier, pourrait révolutionner le secteur énergétique et constituer un atout majeur pour notre politique énergétique. En revanche, les énergies renouvelables ne sont pas entièrement fiables car elles dépendent des conditions météorologiques. Ainsi, pour assurer la consommation annuelle d’électricité en France, qui est d’environ 474 TWh, uniquement avec des éoliennes, il faudrait installer environ 237 000 éoliennes d’une capacité moyenne de 2 MW, chaque éolienne produisant environ 2 GWh par an. Cette estimation tient compte du fait que les éoliennes ne fonctionnent pas à plein régime en permanence, produisant à pleine puissance environ 2000 heures par an.Par conséquent, le programme de la coalition de gauche semble peu viable et peu avantageux pour l’économie française.
Le programme énergétique du NFP pour les législatives de 2024 est marqué par une division notable sur le nucléaire, avec des positions allant du soutien à une sortie complète de cette énergie. Néanmoins, il y a un consensus sur des points cruciaux comme le soutien aux énergies renouvelables, la lutte contre le financement des énergies fossiles, et la protection des consommateurs contre la hausse des prix de l’énergie. Ces mesures traduisent une volonté de transition vers une énergie plus verte et plus abordable, tout en prenant en compte les différentes sensibilités au sein de la coalition.