Les prix du pétrole étaient une nouvelle fois lestés mercredi par l’inflation et les craintes de récession qui pourraient affecter la demande, quand le gaz naturel progressait de façon mesurée malgré l’interruption des livraisons de gaz russe.
Vers 09H35 GMT (11H35 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre perdait 3,44% à 95,49 dollars.
Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en septembre baissait quant à lui de 2,91%, à 88,97 dollars, glissant sous les 90 dollars le baril.
L’inflation dans la zone euro a battu un nouveau record en août, à 9,1% sur un an, a annoncé Eurostat mercredi, laissant craindre pour la vigueur de la demande en or noir.
La veille, “l’hypothèse d’un affaiblissement général de la demande avait également conduit à une nouvelle séance volatile pour le pétrole, qui a subi des pressions”, a expliqué Richard Hunter, analyste chez Interactive Investor.
La chute des prix s’est accélérée avec “les craintes que la demande mondiale de pétrole ne soit frappée par le relèvement des taux des principales banques centrales pour lutter contre l’inflation et par le glissement des économies vers la récession”, a souligné Stephen Brennock, analyste chez PVM Energy.
Cette baisse intervient une semaine après que les cours du pétrole ont été secoués par les déclarations du ministre saoudien de l’Énergie Abdelaziz ben Salmane, laissant entendre que l’Opep+, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, pourrait réduire sa production pour faire face à la volatilité.
Cette nouvelle avait dopé les cours pendant plusieurs séances.
“Tel un navire abandonné en mer, le marché pétrolier ne parvient pas à maintenir un cap stable”, a résumé Stephen Brennock. Le marché attend désormais la publication dans la journée de l’état des stocks américains de pétrole par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).
Les analystes tablent sur une baisse de 950.000 barils des réserves commerciales de brut et d’un million de barils pour l’essence, selon la médiane d’un consensus compilé par Bloomberg.
Sur le marché du gaz naturel, le TTF néerlandais, référence du marché européen, évoluait à 272,700 euros le mégawattheure (MWh), en petite hausse, mais éloigné de son récent sommet depuis le début de la guerre en Ukraine, atteint la semaine passée.
Comme annoncé par le géant russe Gazprom, le flux de gaz russe est effectivement tombé à zéro via Nord Stream 1 aux premières heures de la matinée mercredi. L’interruption doit durer trois jours.
L’Europe est toutefois parvenue à remplir ses réserves de gaz plus rapidement que prévu, laissant un peu de répit aux prix.
“Les niveaux de stockage globaux de l’Europe sont satisfaisants, atteignant une moyenne de 80% de remplissage, ce qui était l’objectif du 1er novembre”, note Wei Xiong, de Rystad Energy.
L’analyste relève qu’à la même époque l’année dernière, les réserves de gaz européens n’étaient remplies qu’à 66%, alors que le coût était nettement inférieur.
“Le risque pour l’approvisionnement hivernal de l’Europe demeure toutefois”, nuance l’analyste, étant donné les faibles livraisons en provenance de Russie, et le Vieux Continent pourrait être confronté “à la concurrence des importateurs asiatiques à l’approche de l’hiver”.