Les prix du gaz naturel liquéfié (GNL) en Asie atteignent des sommets cette année, surpassant les niveaux observés aux États-Unis, en raison de la conjonction de risques géopolitiques et de perturbations de l’approvisionnement. Le Japan-Korea Marker (JKM), principal indicateur pour les livraisons de GNL en Asie du Nord-Est, enregistre en août 2024 un prix de 14,255 $/MMBtu, soit une prime significative de 12,18 $/MMBtu par rapport au Henry Hub américain. Cette situation met en lumière les défis auxquels sont confrontés les acheteurs asiatiques dans un contexte de forte demande et d’incertitudes sur l’offre globale.
En parallèle, les travaux de maintenance prévus en Norvège, Algérie et Libye, ainsi que la possible fin de l’accord de transit entre la Russie et l’Ukraine, compliquent l’approvisionnement européen. L’Europe se tourne de plus en plus vers le GNL pour compenser ces risques, ce qui alimente une concurrence accrue avec l’Asie pour les cargaisons disponibles.
Approvisionnement et arbitrage sur le marché du GNL
L’arbitrage entre les marchés du GNL aux États-Unis et en Asie reste limité en raison des coûts de transport élevés et d’une demande soutenue en Europe. Les données de Commodity Insights montrent que les exportations américaines de GNL se maintiennent à environ 7,21 millions de tonnes métriques en août 2024, la majorité de ces cargaisons se dirigeant vers l’Europe. Le marché asiatique, bien que captant une part de 20 %, doit faire face à des conditions défavorables, notamment des coûts logistiques et des prix spot plus élevés.
Les prix du GNL en Asie continuent d’être influencés par plusieurs facteurs, dont les conditions climatiques et les fluctuations des prix du marché spot. Bien que la demande asiatique ait augmenté de 10 % au premier semestre 2024, une croissance plus modeste de 2 % est attendue pour la deuxième moitié de l’année, selon les analystes. Cette modération est attribuée à des facteurs temporaires tels que les vagues de chaleur en Asie du Sud et une réduction de la production hydroélectrique en Chine et en Inde.
Stratégies de sécurisation de l’approvisionnement
Face à ces incertitudes, les stratégies d’approvisionnement se concentrent de plus en plus sur les contrats à long terme, souvent indexés sur le Henry Hub américain, offrant une stabilité relative face à la volatilité des prix spot. Avec des coûts contractuels typiquement fixés à 115 % du Henry Hub plus une prime fixe, les approvisionnements en GNL américain restent attractifs pour de nombreux acheteurs, malgré la fermeture temporaire de la fenêtre d’arbitrage Est-Ouest.
Les acteurs du secteur surveillent de près les évolutions des flux de GNL, notamment en vue de l’hiver où la demande de chauffage pourrait intensifier la concurrence entre les hubs asiatiques et européens. Un hiver rigoureux pourrait exacerber cette situation, rendant la flexibilité des contrats encore plus cruciale pour gérer les variations de prix et assurer la continuité des approvisionnements.
Les dynamiques du marché du GNL demeurent donc hautement sensibles aux développements géopolitiques et aux prévisions climatiques. Les perturbations dans les principales zones de production et de transit, combinées à une demande croissante dans plusieurs régions, continuent de façonner un marché énergétique global en mutation.