Le processus d’acquisition de TenneT Germany par l’état allemand traîne en longueur depuis près de deux ans, créant des tensions croissantes entre les gouvernements néerlandais et allemand. Selon des extraits d’une lettre consultée par Reuters, datée du 17 mai, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a exprimé sa frustration face à l’absence d’offre concrète de la part de Berlin, malgré de nombreuses indications et assurances de différentes parties du gouvernement allemand.
Une transaction stratégique pour l’Allemagne
L’acquisition de TenneT Germany, évaluée entre 20 et 25 milliards d’euros, revêt une importance stratégique pour l’Allemagne. Suite à la crise énergétique européenne et à la rupture des liens énergétiques avec la Russie, Berlin souhaite renforcer son contrôle sur les infrastructures énergétiques clés et accélérer la transition énergétique. En effet, le charbon occupe encore une place bien trop importante dans le mix énergétique allemand. Berlin a dépensé des centaines de milliards d’euros pour soutenir ses fournisseurs et protéger son industrie face à la flambée des coûts de l’énergie.
Des divergences au sein de la coalition allemande
Cependant, des différences sur le prix, les problèmes budgétaires de l’Allemagne et des divergences de vues au sein de la coalition au pouvoir à Berlin ont compliqué la vente. Le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, se montre sceptique quant à la possibilité pour Berlin de revendre des parts de TenneT à des investisseurs privés à l’avenir, craignant un manque de demande.
Mark Rutte, qui doit quitter ses fonctions ce mois-ci avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement de droite, insiste sur la nécessité de parvenir à un accord avant le 1er juillet, date à laquelle Berlin doit présenter un budget provisoire pour 2025. Si aucun accord n’est trouvé, les Pays-Bas envisagent de vendre TenneT Germany en partie ou en totalité à des investisseurs privés, faute de soutien politique aux Pays-Bas pour conserver la propriété du plus grand réseau électrique allemand.
L’Allemagne temporise, espérant une baisse du prix
De son côté, l’Allemagne joue la montre, espérant obtenir un prix plus bas en raison de la hausse des taux d’intérêt et de la baisse des rendements des réseaux, qui devraient rendre plus difficile pour les Pays-Bas de trouver des investisseurs privés pour ces actifs. Une structure alternative envisagée serait une prise de participation minoritaire de l’Allemagne dans TenneT Germany au lieu d’un rachat complet.
En attendant, TenneT confirme l’existence de discussions intensives sur des alternatives à une vente complète de sa filiale allemande à Berlin, même si cette option reste le résultat préféré. L’entreprise espère des progrès dans les trois prochaines semaines. Cette acquisition stratégique pour l’Allemagne et la transition énergétique européenne reste donc en suspens, les tensions entre les deux pays s’accentuant au fil des mois.