Le plafonnement du prix du pétrole russe, un mécanisme voulu par les pays du G7 pour limiter les revenus de Moscou, est “une mauvaise idée” qui redonnerait la main au président russe, a affirmé
mercredi le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné.
“Je pense que c’est une mauvaise idée parce que c’est une façon de rendre l’avantage au (président russe) Vladimir Poutine”, a déclaré M. Pouyanné, qui s’exprimait lors de la conférence Energy Intelligence Forum, qui se tient à Londres et dure jusqu’à jeudi.
“Ce dont je suis certain, c’est que si nous faisons cela, alors Poutine dira +nous ne vendons pas notre pétrole+ et le prix ne sera pas à 95 dollars, il sera à 150 dollars. Ce n’est pas quelque chose que je voudrais donner à Vladimir Poutine”, a-t-il ajouté.
En septembre, les pays du G7 avaient décidé de plafonner “urgemment” le prix du pétrole russe, un mécanisme complexe à mettre en place, en invitant notamment une “large coalition” de pays à le mettre en oeuvre, pour limiter les revenus liés à la vente des hydrocarbures, qui financent l’offensive de Moscou en Ukraine.
Concrètement, la Russie vendrait son pétrole à ces pays à un prix inférieur à celui auquel elle le cède aujourd’hui, mais qui resterait supérieur au prix de production, afin qu’elle ait un intérêt économique à continuer à leur en vendre.
Mais l’Inde et la Chine, parmi les plus gros importateurs de pétrole du monde, ne semblent pas disposées à se ranger derrière le G7 à ce stade, ces deux pays bénéficiant notamment de prix au rabais sur le pétrole russe.
Le vice-Premier ministre russe en charge de l’Energie, Alexandre Novak, a fustigé un peu plus tôt mercredi une idée qui “violerait les mécanismes du marché” et qui pourrait avoir “un effet très néfaste” sur l’industrie mondiale.
Evoquant de possibles “pénuries de pétrole” en cas d’adoption d’une telle mesure, aussi envisagée par l’UE, M. Novak a une nouvelle fois averti que les entreprises russes “ne fourniront pas de pétrole aux pays qui utilisent cet instrument”.
Le patron de Shell Ben van Beurden s’était quant à lui montré dubitatif mardi face à cette même proposition, disant avoir “du mal à comprendre” comment un tel mécanisme pourrait être efficace.
“Intervenir sur des marchés de l’énergie complexes sera très difficile”, avait-il poursuivi, appelant les gouvernements à consulter les experts avant d’agir.