Le pétrole nigérian est en difficulté. De fait, la production nigériane a baissé. D’après les données de la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission, elle a chuté de 6% entre juin et juillet 2022. La production de juillet se situait alors à environ 1,31 million de b/j.
La situation résulte de la fermeture d’oléoducs, de la maintenance des principaux champs, mais aussi d’une recrudescence des attaques contre les installations pétrolières. Ainsi, le plus grand producteur de pétrole du continent africain fait face à de nombreuses difficultés depuis le début de l’année 2021.
On retrouve à la fois des problèmes opérationnels, techniques et de sécurité. D’un côté, le champ qui alimente le Bonny Light est toujours perturbé. De l’autre, le sabotage et le vol de pipelines coûteraient près de 400.000 b/j à la production de pétrole nigérian.
Dans ce contexte, les producteurs réduisent leurs investissements, ce qui ne risque pas d’inverser la dynamique actuelle.
Un contexte défavorable au pétrole nigérian
La dégradation de la situation sécuritaire dans le delta du Niger a ainsi exacerbé la situation. Effectivement, on estime qu’environ un dixième du pétrole pompé au Nigeria est volé et finit dans des raffineries illégales. Depuis mi-mars 2022, la situation semble s’aggraver.
On compte un nombre important d’actes de sabotage sur les principaux oléoducs. En avril, l’explosion d’une raffinerie illégale entre les États pétrolifères de Rivers et d’Imo avait pourtant poussé le président à intensifier la répression.
Cependant, la ligne principale de Nembe Creek, d’une capacité de 150.000 b/j, a encore récemment été attaquée. Ainsi, la situation ne s’améliore pas et l’insécurité dans le delta du Niger entrave les perspectives de croissance.
De plus, la situation politique ne semble pas propice à un règlement des problèmes. Effectivement, les risques politiques pourraient se détériorer avant les élections prévues pour février 2023.
Pour rappel, Muhammadu Buhari, actuel président, ne pourra pas se présenter pour un 3ème mandat. À 7 mois des élections, l’opposition a même remporté une élection test dans le fief du candidat de la majorité présidentielle.
Ainsi, on se trouve face à un risque de recomposition des équilibres politiques dans un pays fracturé par de multiples clivages. Selon Platts Analytics:
« Les risques politiques pourraient s’aggraver avant les élections du début de 2023. La production a été en moyenne d’environ 300.000 b/j inférieure à son quota OPEP+ depuis la mi-2021. […] Les chargements restent faibles malgré le démarrage du champ Ikike en juillet, alimentant les chargements d’Amenam. »
Platts Analytics a déclaré s’attendre à ce que l’offre de pétrole nigérian passe à 1,5 million de b/j au premier trimestre de 2023. Alors que l’OPEP+ a annoncé une augmentation de ses quotas de production, la situation semble complexe pour le Nigéria.