La baisse des prix du pétrole s’accentuait mardi, dans un contexte d’inquiétudes quant à la santé de l’économie mondiale qui menace les perspectives de la demande.
Vers 13H30 GMT (15H30 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, perdait 4,51% à 102,29 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en août, fléchissait quant à lui de 4,80% à 99,13 dollars, repassant sous le seuil symbolique des 100 dollars le baril.
Les pertes s’accéléraient avec le début de la séance américaine. Les cours du brut sont sous pression “depuis le début du mois en raison des inquiétudes concernant la demande”, commente Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank.
“En Occident, la combinaison des prix élevés de l’énergie et de la hausse des taux d’intérêt alimente les craintes d’une récession qui aurait un impact
sérieux” sur le marché de l’or noir, poursuit-il.
L’augmentation des cas d’infection au Covid-19 en Chine préoccupe également les investisseurs, faisant craindre de nouvelles fermetures. Macao a entamé lundi son premier confinement depuis le début de la pandémie, afin d’endiguer sa pire vague de Covid-19.
“Il y a un ralentissement de la demande du plus grand importateur de brut au monde et des craintes quant à ce que révéleront les chiffres de la
croissance du deuxième trimestre de vendredi”, affirme Victoria Scholar, analyste à Interactive Investor.
Pour l’analyste, le gouvernement chinois “sacrifie une fois de plus son économie à la poursuite d’objectifs draconiens de santé publique”.
Cependant, la croissance de la demande de pétrole va se poursuivre en 2023, mais à un rythme un peu moins soutenu, dans une évolution similaire à la
croissance économique mondiale, d’après le rapport mensuel de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) publié mardi.
Il s’agit de la première prévision de l’alliance pour l’an prochain. La demande en 2023 devrait être soutenue par une “performance économique
encore solide des pays grands consommateurs, ainsi que par une amélioration de la situation géopolitique et de la gestion du Covid-19 en Chine”, a estimé
l’Opep.
En parallèle, les inquiétudes concernant l’offre persistent, avec notamment les sanctions sur le pétrole russe. Le président des États-Unis Joe Biden se rendra vendredi en Arabie saoudite, espérant convaincre Ryad de mettre sur le marché plus de pétrole pour soulager les cours.
Mais le Royaume a directement bénéficié de la hausse des cours depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, souligne Susannah Streeter, de
Hargreaves Lansdown.
L’Arabie saoudite a enregistré son taux de croissance le plus important en dix ans au premier trimestre, avec une hausse de 9,6% de son produit intérieur
brut (PIB) sur un an.
“Il est donc probable qu’il y ait encore des réticences à ouvrir les robinets trop librement, d’autant plus que l’on pense déjà que le pays fonctionne près des limites de sa capacité”, estime l’analyste.