Les flux de pétrole brésilien vers les raffineries chinoises sont à zéro pour le mois de mai. C’est une première depuis janvier 2016. Les acheteurs préfèrent se tourner vers les barils à prix attractifs comme ceux de Russie ou de l’Iran. Ces nouveaux partenaires permettent aux raffineries chinoises d’augmenter leurs marges.
Un succès moindre pour le pétrole brésilien
Les expéditions de pétrole en provenance Brésil connaissent une tendance à la baisse depuis juillet 2020 auprès des raffineurs indépendants basés à Shandong. C’était le moment où les volumes atteignaient un sommet historique de 3,8 millions de tonnes, soit 899 000 b/j. En comparaison, les raffineries chinoises importaient 499 000 mt de pétrole brésilien en avril 2022.
Cette situation se comprend par un prix du baril brésilien élevé et la difficulté de satisfaire toute la demande mondiale. Un négociant de pétrole brut basé en Chine explique :
« Nous voyons l’Europe prendre plus de cargaisons qu’auparavant. Presque toutes les cargaisons brésiliennes qui arrivent en Chine sont prises par des sociétés d’État. Les raffineries indépendantes pourraient n’avoir qu’une ou deux cargaisons dans les mois à venir. »
De plus, la société brésilienne Petrobas continue de donner la priorité à l’approvisionnement du marché intérieur. Les exportations pour ses ventes de brut de Tupi passent au second plan. En conséquence, les importations de pétrole brésilien des indépendants chinois ont chuté de 61,2 % en glissement annuel entre janvier et mai. Elles atteignent désormais 2,95 millions de tonnes ce qui place le brésil comme septième fournisseur en matière de pétrole.
L’attractivité du pétrole russe
Les raffineries indépendantes chinoises ont du mal à résister à la disponibilité du brut russe à prix réduit. Les importations en provenance de Russie atteignent 2,2 millions de tonnes en mai. C’est une hausse de 8,1 % par rapport à avril selon les données de S&P Global.
En outre, au moins neuf cargaisons de pétrole russe représentant 880 000 tonnes doivent arriver à Shandong en juin. Le volume d’arrivée d’Oural prévu pour le seul mois de juin est proche du total des importations en provenance de Russie, soit 925 000 tonnes.
Fin avril, les cargaisons d’Oural destinées pour les exportations se négociaient avec une décote d’environ 5 à 6 dollars par baril par rapport au brut de référence ICE Brent. C’est sur ce dernier contrat à terme que le prix du pétrole brésilien se situe. Cette conjoncture explique pourquoi les raffineries chinoises se détournent du brut brésilien pour trouver d’autres partenaires.
La concurrence de l’Iran
Ensuite, les raffineurs et négociants estiment que certains afflux de cargaisons d’origine iranienne vont se poursuivre. Néanmoins, les volumes pourraient afficher une baisse suite à de nouvelles sanctions américaines. Malgré tout, les importations de pétrole iranien des raffineries chinoises représentent 1, 78 millions de tonnes pour le mois de mai. C’est un niveau supérieur de 32,8 % par rapport à l’année précédente.
La décote du pétrole iranien par rapport à l’ICE Brent s’établit à environ 8$/b au cours de la semaine débutant le 6 juin. Cette fenêtre d’opportunité peut ainsi conduire des raffineries indépendantes à se tourner vers le pétrole iranien selon un analyste.