À Davos, Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, a mis en lumière les défis économiques auxquels l’industrie verte européenne est confrontée. Lors d’une conférence sur l’électricité européenne, le dirigeant a appelé l’Union Européenne à revoir ses politiques de protection afin de soutenir ses entreprises dans la course mondiale à la transition énergétique. Selon lui, malgré l’objectif ambitieux de neutralité carbone fixé par l’UE pour 2050, les industriels européens sont désavantagés par une concurrence accrue, en particulier de la part de la Chine.
Le patron de TotalEnergies a évoqué plusieurs exemples concrets illustrant cette problématique. Il a notamment pointé les carburants durables pour l’aviation (SAF) et les panneaux solaires. Pour Pouyanné, les investissements en Europe pour développer des technologies vertes telles que le SAF sont en concurrence directe avec des importations bon marché en provenance de Chine, un pays qui produit à des coûts bien inférieurs à ceux de l’Europe. « Je ne suis pas protégé », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité d’une réponse plus forte de la part de l’UE pour soutenir ses industries.
TotalEnergies, qui consacre un tiers de ses investissements aux énergies renouvelables, se trouve ainsi confrontée à une réalité difficile : les coûts de production en Europe, jugés élevés en comparaison internationale, rendent les entreprises vulnérables face à des marchés étrangers moins contraints. Patrick Pouyanné a également cité les États-Unis comme un exemple de soutien gouvernemental efficace. Grâce au plan « Inflation Reduction Act » (IRA), les États-Unis offrent des incitations fiscales aux entreprises qui produisent localement des technologies vertes. Le dirigeant français a illustré son propos en rappelant son investissement dans des usines solaires aux États-Unis, soulignant que ces incitations rendent l’industrie américaine plus compétitive.
Cette situation soulève des questions cruciales pour l’avenir de la transition énergétique en Europe. Les acteurs industriels européens se trouvent dans une position délicate : d’un côté, les ambitions environnementales de l’UE exigent des investissements massifs dans les énergies renouvelables, mais de l’autre, la concurrence mondiale, notamment en provenance de Chine et des États-Unis, complique la tâche.
En dépit de ces défis, le groupe TotalEnergies continue de se diversifier, en mettant l’accent sur les énergies renouvelables tout en restant l’un des plus grands exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis. Toutefois, Pouyanné reste convaincu qu’une solution doit être trouvée pour protéger l’industrie européenne tout en poursuivant les objectifs climatiques de l’UE.
Les obstacles économiques à la transition énergétique
Le PDG de TotalEnergies a également évoqué la nécessité d’un équilibre entre la transition énergétique et les impératifs économiques. Si l’UE entend véritablement atteindre ses objectifs de neutralité carbone, elle devra trouver des solutions qui permettent à ses entreprises de rester compétitives tout en respectant les engagements climatiques. L’industrie européenne se heurte ainsi à un dilemme complexe : comment maintenir sa compétitivité tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre ?
Comparaison avec les stratégies américaines et chinoises
La stratégie américaine, notamment à travers le plan IRA, a permis de stimuler les investissements dans l’énergie verte tout en soutenant la production locale. Cette approche contraste avec celle de l’UE, où le manque de protections face aux importations étrangères a exacerbé les difficultés des industriels européens. Selon Pouyanné, la réponse de l’UE à la concurrence étrangère devra être plus proactive si elle souhaite conserver sa place sur le marché mondial de l’énergie renouvelable.