Le Pakistan prévoit que la production solaire issue des installations sur toitures dépassera, pour la première fois, la demande électrique du réseau national dans plusieurs pôles industriels clés dès 2026. Cette évolution marque une étape critique dans la transformation du mix énergétique du pays et complique la gestion de ses infrastructures existantes.
Une adoption solaire portée par les consommateurs industriels
Selon le ministère pakistanais du Changement climatique, la consommation d’électricité en journée pourrait devenir négative dans des zones telles que Lahore, Faisalabad et Sialkot, où les entreprises industrielles ont largement investi dans le solaire autonome. Ces installations hors réseau, dites « behind-the-meter », réduisent significativement la demande sur le réseau centralisé.
Les coupures fréquentes d’électricité et la hausse continue des tarifs ont poussé les entreprises à se tourner massivement vers le photovoltaïque. Le pays, qui compte environ 250 millions d’habitants, est désormais le troisième plus grand importateur mondial de panneaux solaires. Cette dynamique renforce les capacités locales tout en affaiblissant la viabilité économique des distributeurs publics d’électricité déjà fragilisés par l’endettement.
Vers une refonte tarifaire et réglementaire
Face à cette évolution, les autorités préparent une réforme des tarifs visant les grands utilisateurs solaires. Le gouvernement prévoit d’imposer de nouveaux frais de contribution à l’entretien du réseau électrique pour les entreprises dotées de panneaux, afin de maintenir l’équilibre financier des opérateurs nationaux.
Parallèlement, le pays anticipe une hausse modérée de 3 à 4 % de la demande sur le réseau cette année, un rythme inférieur à la moyenne historique. L’an prochain, cette croissance pourrait être davantage affectée par la montée du solaire, en particulier lors des après-midis d’été ensoleillées, des périodes de congés industriels ou lors de journées modérément chaudes.
Impact sur les importations de gaz et les accords énergétiques
La progression rapide du solaire entraîne également des ajustements sur les marchés d’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL). Le Pakistan a suspendu des livraisons prévues par l’italien Eni et cherche à renégocier ses contrats à long terme avec le Qatar.
L’objectif, selon le ministère, est de sécuriser des conditions d’approvisionnement plus souples et abordables, en cohérence avec la baisse saisonnière de la demande liée à l’essor du solaire. Aucune discussion formelle n’a été engagée pendant la conférence COP30, mais des échanges diplomatiques ont eu lieu en marge du sommet avec des ministres de l’Énergie et des représentants commerciaux.