Le Pakistan est en train d’opérer un virage stratégique dans son secteur énergétique en incitant les centrales électriques chinoises implantées sur son territoire à passer du charbon importé au charbon domestique de la région de Thar. Cette mesure s’inscrit dans un plan plus vaste de réformes soutenues par le Fonds Monétaire International (FMI) pour réduire la dette énergétique du pays.
Awais Leghari, chef de la Power Division du ministère de l’Énergie, a déclaré que cette transition pourrait significativement réduire les coûts énergétiques et alléger la pression sur les réserves de change d’Islamabad. En effet, le passage au charbon local permettrait de réduire les importations annuelles de charbon de plus de 200 milliards de roupies pakistanaises (environ 700 millions de dollars), entraînant une baisse de 2,5 roupies pakistanaises par unité dans le prix de l’électricité.
Les enjeux économiques et financiers
Cette transition vers le charbon de Thar est également perçue comme une solution pour faciliter le rapatriement des dividendes pour les centrales électriques chinoises, offrant ainsi un meilleur retour sur investissement en dollars. Elle intervient alors que le Pakistan cherche à restructurer sa dette énergétique et à répondre aux exigences du FMI dans le cadre d’un plan de sauvetage de 7 milliards de dollars.
En avril dernier, une filiale du conglomérat Engro, Engro Corporation Ltd, a vendu ses actifs thermiques, y compris la principale société de production de charbon du Pakistan, Sindh Engro Coal Mining, à Liberty Power. Cette décision a été motivée par la crise des devises étrangères au Pakistan et le potentiel des réserves de charbon indigènes.
Réformes et défis structurels
Le secteur énergétique pakistanais est confronté à des défis majeurs, notamment des taux élevés de vol d’électricité et des pertes de distribution, qui ont conduit à une accumulation de dettes. Le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre des réformes structurelles visant à réduire cette « dette circulaire » de 100 milliards de roupies pakistanaises par an.
Les ménages pauvres et de la classe moyenne ont été particulièrement touchés par la hausse des tarifs de l’électricité, imposée dans le cadre d’un précédent programme de financement du FMI. La consommation annuelle d’électricité au Pakistan devrait diminuer pour la première fois en 16 ans en raison de la hausse des tarifs, malgré des températures estivales record.
Transition vers les énergies alternatives
Leghari a également souligné une tendance croissante des ménages urbains et ruraux à se tourner vers des alternatives telles que l’énergie solaire, en raison des tarifs élevés de l’électricité. Actuellement, environ 1 000 mégawatts sont connectés au réseau sous forme de systèmes de comptage net et autres, avec des estimations conservatrices suggérant que la capacité solaire pourrait être cinq à six fois plus élevée.
Cette transition vers le charbon local et les énergies renouvelables représente une étape cruciale dans la stratégie énergétique du Pakistan, visant à stabiliser l’économie tout en répondant aux défis environnementaux et sociaux.
En somme, le plan du Pakistan de promouvoir l’utilisation du charbon de Thar par les centrales électriques chinoises pourrait non seulement réduire les coûts énergétiques et la dette du secteur, mais aussi favoriser une transition vers des sources d’énergie plus durables et localement disponibles.