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Le nucléaire s’invite dans les élections australiennes face à la dépendance gazière accrue

Le nucléaire devient un enjeu électoral majeur en Australie, alors que l’accélération de la fermeture des centrales au charbon menace la stabilité énergétique nationale, renforçant la dépendance du pays aux approvisionnements extérieurs en gaz naturel.

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L’Australie fait face à une période critique où la sécurité énergétique immédiate repose davantage sur la disponibilité en gaz naturel que sur les perspectives nucléaires à long terme. Dans ce contexte, les prochaines élections fédérales prévues en mai 2025 placeront les électeurs face à deux modèles énergétiques opposés : d’un côté, une stratégie focalisée sur le développement d’une filière nucléaire d’ici 2051, proposée par le Parti libéral-national (Liberal National Party, LNP), et de l’autre, une politique privilégiant les énergies renouvelables appuyées par des centrales à gaz sous le gouvernement travailliste actuel. Cette divergence reflète clairement une polarisation du débat énergétique sur fond de préoccupations immédiates liées à la stabilité du réseau électrique et aux prix de l’énergie.

Un contexte énergétique sous haute tension

Selon une étude du cabinet de conseil norvégien Rystad Energy, l’objectif australien de porter la part des énergies renouvelables à 82 % d’ici la prochaine décennie apparaît difficilement atteignable. Les estimations réalistes tablent désormais sur un taux avoisinant les 65 %, reflétant ainsi un déficit potentiel significatif en capacité énergétique à court terme. Le retrait prévu de centrales clés au charbon telles que Yallourn West dans le Victoria et Eraring en Nouvelle-Galles du Sud exacerbe le risque de pénurie, obligeant le pays à compenser rapidement ces pertes par des sources alternatives.

Dans cette optique, les centrales au gaz naturel dites « de pointe », mobilisables rapidement lors des pics de demande, deviennent incontournables pour éviter les ruptures d’approvisionnement. Cependant, l’augmentation des délais d’approvisionnement mondiaux des turbines à gaz risque de retarder la mise en service de nouvelles infrastructures critiques, créant un contexte délicat pour les gestionnaires du réseau électrique national.

Vulnérabilité accrue au marché du gaz

En parallèle, la dépendance croissante des régions australes, notamment Victoria (VIC), Nouvelle-Galles du Sud (NSW) et Tasmanie (TAS), envers le gaz provenant du Queensland devient une problématique majeure. Les champs historiques offshore de l’État de Victoria enregistrent en effet une diminution significative de leur production, forçant ces États à augmenter fortement leurs importations de gaz naturel liquéfié (GNL), réduisant ainsi leur marge de sécurité énergétique face à d’éventuelles perturbations du marché.

Cette situation rappelle les tensions observées lors de la crise énergétique de 2022, lorsque des problèmes similaires d’approvisionnement avaient provoqué une forte hausse des prix. Aujourd’hui, avec une marge de sécurité considérablement réduite, une défaillance supplémentaire de l’approvisionnement en gaz ou une forte hausse de la demande pourraient entraîner à nouveau des tensions économiques significatives.

Scénarios politiques contrastés

Selon les données prévisionnelles de Rystad Energy, une victoire du Parti travailliste aux prochaines élections signifierait une augmentation annuelle record des capacités installées combinées (renouvelable et gaz) de l’ordre de 7,2 gigawatts (GW). Cette progression serait principalement concentrée dans le Queensland, le Victoria et la Nouvelle-Galles du Sud. À l’inverse, si le Parti Libéral-National (LNP) l’emporte, le développement prioritaire de l’énergie nucléaire pourrait ralentir ou réduire l’investissement immédiat dans le solaire et l’éolien, même si aucun chiffre précis ne quantifie pour l’instant cette baisse.

De façon plus immédiate, les délais de mise en service des infrastructures énergétiques alternatives, particulièrement les centrales nucléaires, posent un défi pratique. Le délai moyen nécessaire à la construction et à la mise en exploitation de centrales nucléaires rend peu probable leur contribution à la résolution immédiate des problématiques d’approvisionnement énergétique actuelles, mettant davantage en lumière la nécessité du recours temporaire accru au gaz.

Des infrastructures critiques sous pression

Par ailleurs, le secteur énergétique australien est confronté à d’importants goulets d’étranglement logistiques, liés notamment aux équipements nécessaires à la production d’électricité d’origine gazière. La demande mondiale croissante en turbines à gaz alourdit significativement les délais de livraison, compliquant les capacités de réaction rapide des autorités australiennes face aux enjeux immédiats. La fenêtre pour répondre efficacement à ces contraintes logistiques et sécuriser les approvisionnements à court terme est particulièrement réduite.

Dans ce contexte de tensions multiples sur les infrastructures et l’approvisionnement énergétique, les prochaines décisions gouvernementales détermineront largement la trajectoire énergétique du pays pour les décennies à venir. La priorité immédiate reste toutefois le maintien de la stabilité du réseau face aux défis économiques imminents posés par la dépendance accrue au gaz naturel.

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