L’entrée en vigueur intégrale du nouveau règlement européen sur les batteries, prévue pour le 18 août 2025, impose de nouvelles obligations rigoureuses à l’ensemble des acteurs industriels européens concernés. Mis en place progressivement depuis février 2024, ce texte réglementaire remplace définitivement la directive précédente (2006/66/CE), dans le but d’établir une économie circulaire complète autour des batteries commercialisées en Europe. Les secteurs les plus directement impactés incluent l’automobile électrique, les batteries industrielles, ainsi que les solutions pour la mobilité légère, telles que les vélos électriques. Parmi les contraintes principales figurent l’amélioration notable du recyclage, une transparence accrue des chaînes d’approvisionnement et des mesures spécifiques de traçabilité.
Des normes exigeantes sur le recyclage et les matériaux recyclés
Concrètement, la réglementation impose aux fabricants d’atteindre un taux minimal de recyclage des matériaux critiques contenus dans les batteries. À compter de fin 2027, 90 % du cobalt, du nickel et du cuivre ainsi que 50 % du lithium devront être recyclés. Dès 2028, les fabricants devront également incorporer une quantité minimale de matériaux recyclés dans toutes les nouvelles batteries mises sur le marché, un taux appelé à augmenter progressivement jusqu’en 2031. En outre, à partir du 1er février 2027, un passeport numérique obligatoire sera mis en place pour les batteries automobiles et industrielles d’une capacité supérieure à 2 kWh. Celui-ci devra contenir des informations détaillées sur la composition chimique, la provenance des matières premières, ainsi que l’empreinte carbone associée.
Les entreprises auront par ailleurs la responsabilité de prouver la conformité de leur chaîne d’approvisionnement avec les normes internationales définies par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et les Nations Unies (ONU). Dès août 2025, ces démarches devront faire l’objet d’audits indépendants réguliers. En parallèle, les producteurs devront organiser gratuitement la collecte des batteries usagées pour les modèles portables et ceux utilisés dans les véhicules légers, conformément au principe de responsabilité élargie du producteur (REP).
Pression économique accrue pour les industriels
Ce règlement impose aux entreprises européennes une révision complète de leur stratégie d’approvisionnement en matières premières critiques comme le lithium et le cobalt, actuellement majoritairement importées depuis des marchés extérieurs à l’Europe. La nécessité d’intégrer davantage de matériaux recyclés pourrait redéfinir les partenariats commerciaux existants et encourager la création de nouveaux modèles économiques autour du recyclage industriel. Les coûts de mise en conformité, comprenant les audits externes, les processus de recyclage avancés et la traçabilité exhaustive, sont appelés à augmenter sensiblement à court terme.
L’industrie automobile européenne devra, quant à elle, accélérer l’adaptation de ses processus de production pour maintenir sa compétitivité dans un marché européen qui représente l’un des plus grands débouchés mondiaux pour les véhicules électriques. Plusieurs constructeurs automobiles majeurs ont déjà entamé des démarches pour sécuriser leurs approvisionnements en matériaux recyclés, tout en renforçant leur propre capacité de recyclage interne.
Défis industriels et perspectives à moyen terme
Face à ces nouvelles contraintes réglementaires, les entreprises européennes doivent rapidement adapter leurs stratégies opérationnelles et commerciales. Cette évolution pourrait durablement modifier les équilibres industriels existants et pousser les entreprises à repenser leurs chaînes logistiques et partenariales. Les décisions prises par les industriels dans les mois qui viennent conditionneront fortement leur positionnement futur sur le marché européen des batteries, désormais soumis à un cadre réglementaire plus strict et exigeant.