Le président de la République fédérale du Nigeria, Bola Tinubu, a annoncé la levée de l’état d’urgence dans l’État de Rivers, l’une des régions pétrolières les plus stratégiques du pays. Cette décision ouvre la voie au retour au pouvoir du gouverneur Siminalayi Fubara, suspendu depuis mars dans un contexte de crise politique persistante.
Un État crucial pour l’industrie pétrolière nigériane
Situé dans le delta du Niger, l’État de Rivers est une zone névralgique pour la production pétrolière du Nigeria, premier producteur du continent africain. La région a été marquée ces dernières années par des sabotages d’oléoducs, des attaques contre les infrastructures énergétiques et une instabilité politique interne qui a affecté l’activité des opérateurs pétroliers.
En mars, face à la paralysie du pouvoir législatif local et à une série d’incendies volontaires, le gouvernement fédéral avait suspendu les autorités civiles et nommé l’ancien vice-amiral Ibok-Ete Ibas à la tête de l’administration de l’État. Cette mesure exceptionnelle visait à stabiliser une situation perçue comme une menace directe pour les intérêts économiques et énergétiques du pays.
Un différend interne au sein du parti d’opposition
La crise trouve son origine dans un conflit entre Siminalayi Fubara et son prédécesseur, Ezenwo Nyesom Wike, tous deux membres du Parti démocratique populaire (PDP). Bien que M. Wike ait désigné M. Fubara comme son successeur, leurs divergences ont rapidement dégénéré en affrontement politique, provoquant un blocage institutionnel et la suspension du financement fédéral versé à l’État.
Durant l’état d’urgence, plusieurs réunions organisées par la présidence ont tenté de réconcilier les deux figures du PDP. Les autorités fédérales affirment que ces discussions ont permis d’aplanir les différends. En parallèle, des élections locales ont été tenues et ont vu, pour la première fois, le Congrès des progressistes (APC), parti présidentiel, remporter la majorité à l’assemblée législative de l’État.
Retour à la gouvernance civile sous surveillance fédérale
Avec la fin officielle de l’état d’urgence, Siminalayi Fubara reprend ses fonctions dès ce jeudi, dans un contexte marqué par une recomposition du paysage politique local. La nouvelle majorité parlementaire pourrait modifier les équilibres internes et influencer la gestion des ressources énergétiques de la région.
Le retour à la normale administrative intervient à un moment crucial pour les opérateurs pétroliers, alors que la production nationale est soumise à une pression croissante liée à la sécurité des installations et à la stabilité politique dans les zones d’extraction.