Le Nigeria a mis en service sa première unité flottante de stockage et de déchargement (FSO, Floating Storage and Offloading) intégralement détenue par des entités nationales. Baptisée FSO Cawthorne, cette installation est positionnée au large du terminal de Bonny et marque une évolution significative dans la gestion des exportations de pétrole brut par le gouvernement fédéral.
Jusqu’ici, les opérations d’exportation dépendaient principalement des terminaux exploités par des sociétés internationales telles que Shell, TotalEnergies, Chevron ou Eni. L’État nigérian devait recourir à des plateformes affrétées, limitant son contrôle sur la chaîne logistique et exposant les expéditions à des surcoûts ou à des interruptions.
Un projet d’investissement soutenu par des entités publiques
La nouvelle unité FSO, d’une capacité de 2,2 millions de barils, permet désormais au Nigeria de charger directement les pétroliers sans recourir aux installations privées. Ce projet a été dirigé par la société publique Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPC Ltd), en partenariat avec Sahara Group, Eroton Exploration & Production et Bilton Energy, dans le cadre du permis d’exploitation OML 18.
Le permis vise une production atteignant près de 50 000 barils par jour d’ici la fin de l’année. L’unité flottante devrait réduire la dépendance aux réseaux de pipelines terrestres, souvent affectés par des fuites, des actes de sabotage et des retards d’acheminement.
Réduction des pertes structurelles du secteur
Selon la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC), environ 200 000 barils de pétrole brut par jour ont été perdus en 2022 en raison du vol et du vandalisme. Bien que la situation se soit partiellement améliorée en 2023, le gouvernement continue de prioriser la sécurisation physique des infrastructures comme levier de protection des recettes publiques.
La mise en service du FSO Cawthorne intervient dans un contexte de transformation de NNPC Ltd, devenu une entreprise commerciale en 2022. Cette réforme vise à renforcer la capacité d’investissement public dans les actifs pétroliers stratégiques. La plateforme flottante s’inscrit en complément des projets de remise en état des raffineries publiques de Port Harcourt, Warri et Kaduna.
Un levier de souveraineté sur la chaîne d’exportation
Le contrôle public de cette infrastructure permet au Nigeria de limiter les fuites de valeur sur l’exportation de son brut. Cette initiative vise également à améliorer la planification logistique, notamment en assurant un chargement continu, indépendamment des contraintes techniques des installations étrangères.
Un cadre opérationnel de NNPC Ltd a indiqué que la plateforme « assure un point d’exportation national permanent pour les cargaisons issues du bloc OML 18 ». Ce développement renforce la stratégie du pays d’accroître l’impact direct de ses investissements publics dans le secteur pétrolier, tout en adaptant ses infrastructures aux exigences du marché mondial.