Le gouvernement fédéral du Nigeria envisage de mettre en œuvre une interdiction sur l’importation de panneaux solaires, une décision motivée par la volonté de promouvoir la production locale dans un secteur en expansion. Cette mesure, annoncée fin mars par le ministre nigérian de la Science, de l’Innovation et de la Technologie, Uche Nnaji, intervient après une facture d’importation estimée à 200 millions USD sur les deux dernières années.
Cette orientation politique intervient dans un contexte de forte augmentation des coûts d’installation des équipements solaires. Le prix moyen d’un système domestique est passé de 250 000 nairas (163 USD) en 2022 à 550 000 nairas (359 USD) en 2023, soit une hausse de 120 %, selon les données gouvernementales. Malgré cette inflation, les importations restent dominantes, faute d’une production nationale jugée suffisante par les professionnels du secteur.
Préoccupations du secteur privé face à la capacité industrielle
Le Centre pour la promotion des entreprises privées (Centre for the Promotion of Private Enterprise, CPPE), représenté par son directeur exécutif Muda Yusuf, a exprimé des réserves sur cette orientation. Selon lui, « l’interdiction d’importer des panneaux solaires alors que la capacité de production nationale est manifestement insuffisante ne ferait qu’aggraver la crise énergétique du pays ». Il rappelle que la consommation électrique moyenne par habitant au Nigeria est d’environ 160 kWh par an, contre une moyenne de 350 kWh en Afrique subsaharienne.
Cette situation, combinée à des tarifs douaniers encore élevés sur les équipements solaires, freine leur adoption à grande échelle, alors qu’ils représentent l’un des leviers identifiés pour améliorer l’accès à l’énergie dans un pays où le réseau national est limité.
Entre autonomie industrielle et impératif énergétique
Plusieurs acteurs économiques estiment que la priorité du gouvernement devrait être d’élargir l’accès aux technologies solaires plutôt que de restreindre leur disponibilité. Le débat sur l’interdiction reflète ainsi une tension persistante entre l’objectif d’autonomie industrielle et l’urgence de répondre aux besoins énergétiques fondamentaux, notamment dans les zones rurales ou mal desservies.
Le secteur solaire nigérian connaît une dynamique de croissance portée par les initiatives hors réseau, attirant à la fois des financements internationaux et des investissements privés. La mesure envisagée pourrait freiner cette dynamique, à moins que les capacités de production locale ne soient rapidement renforcées pour compenser l’arrêt potentiel des importations.