Le gouvernement nigérian peine à finaliser un prêt de 5 milliards $ avec la société saoudienne Saudi Arabian Oil Company (Saudi Aramco), selon la presse locale citée le 10 juin. L’accord, amorcé en 2023, repose sur la livraison quotidienne de 100 000 barils de pétrole brut pour garantir le remboursement du financement.
Ce dispositif vise à renforcer les réserves de change et à soutenir le budget national, dans un contexte marqué par des besoins élevés de financement des infrastructures et des dépenses sociales. Toutefois, la récente baisse des cours du Brent, désormais autour de 68 $ le baril, complique la rentabilité du montage financier. Ce niveau représente une chute de près de 18 % par rapport au seuil de 80 $ le baril, utilisé comme référence lors des négociations initiales.
Des réserves exprimées par les prêteurs
Les établissements financiers impliqués dans le processus, notamment plusieurs banques basées dans le Golfe et une institution africaine, émettent des doutes quant à la viabilité du montage. Le Nigeria, principal producteur africain de pétrole, n’arrive pas à dépasser une production journalière de 1,5 million de barils, selon des sources proches du dossier. Des contraintes techniques et logistiques limitent les capacités d’exportation.
Environ 300 000 barils par jour seraient déjà engagés dans d’autres accords similaires, réduisant la marge disponible pour garantir le prêt Aramco. Cette situation fragilise la position du pays dans les négociations. « C’est difficile de trouver un établissement prêt à s’engager sans garantie solide sur les volumes », a confié une source bancaire impliquée.
Enjeux budgétaires croissants
Le prêt envisagé s’inscrit dans une stratégie plus large de mobilisation de financements extérieurs. Fin mai, le président nigérian Bola Tinubu a soumis au parlement une demande d’emprunt externe de 24,14 milliards $ (environ NGN36,12bn), actuellement en attente d’approbation. Cette enveloppe pourrait inclure des dispositifs similaires à celui proposé avec Aramco.
La poursuite de ce type de financement dépendra de la capacité du Nigeria à adapter ses engagements aux exigences actuelles du marché et à offrir des garanties jugées crédibles par les institutions financières. En l’état, les difficultés de production combinées à la volatilité du prix du baril ralentissent les discussions et exposent les limites du modèle adossé aux livraisons physiques de pétrole.