L’exploitation du lithium au Nigeria connaît une expansion rapide, attirant mineurs artisanaux et investisseurs étrangers. L’État de Nasarawa, situé au centre du pays, est devenu un point névralgique de cette activité en raison de ses importantes réserves. L’essor du marché mondial, notamment porté par la fabrication de batteries pour véhicules électriques, positionne le Nigeria comme un acteur émergent de cette industrie.
Une extraction dominée par des pratiques artisanales
Dans la région de Gidan Kwano, de nombreux travailleurs extraient le lithium à ciel ouvert, souvent sans permis officiel. L’exploitation artisanale, bien qu’illégale dans certains cas, constitue une source de revenus significative pour la population locale. Les mineurs, hommes, femmes et enfants, participent à cette industrie en creusant manuellement la roche, parfois à l’aide d’explosifs. La vente de blocs de lithium bruts à des intermédiaires chinois est devenue une pratique courante.
Le long des routes de Nasarawa, des entrepôts improvisés servent de lieux de triage et de nettoyage du minerai. La chaîne de valeur informelle permet à de nombreux habitants de générer des revenus, mais les conditions de travail restent rudimentaires et les risques d’accidents fréquents.
Investissements étrangers et rôle de la Chine
Face à cette extraction artisanale, des entreprises chinoises, telles qu’Avatar et Ganfeng, ont investi dans des infrastructures de transformation locale. Ces sociétés transforment la roche brute en oxyde de lithium avant son expédition vers la Chine, qui reste le principal raffineur mondial de ce minerai. L’implication chinoise dans le secteur se renforce, malgré les tentatives du gouvernement nigérian d’attirer d’autres investisseurs.
Un protocole d’accord signé en 2024 entre le Nigeria et la France vise à développer des projets miniers, mais les capitaux étrangers restent limités en dehors des groupes chinois. Le gouvernement nigérian impose désormais aux investisseurs étrangers de construire des unités de transformation locale, une condition qui aurait dissuadé certains acteurs majeurs du secteur, dont Tesla.
Défis réglementaires et tensions locales
Le secteur minier nigérian reste marqué par un cadre réglementaire encore en développement. Les autorités procèdent régulièrement à des opérations contre les exploitations illégales, mais celles-ci persistent en raison du manque de surveillance et de la demande croissante. L’absence de données précises sur les réserves minières et l’absence de véritables études géologiques freinent également la structuration du marché.
Par ailleurs, l’exploitation du lithium alimente certaines tensions locales. Des différends entre communautés sur la répartition des ressources et des conflits entre entreprises étrangères et populations locales ont été observés. Dans certaines régions, des groupes armés se sont impliqués dans le contrôle des sites miniers, ajoutant une dimension sécuritaire à l’essor du secteur.
Un marché stratégique en pleine évolution
Alors que la demande mondiale de lithium devrait être multipliée par quarante d’ici 2040, le Nigeria cherche à structurer son industrie pour maximiser les retombées économiques. L’intégration d’unités de transformation locales et la formalisation des activités minières restent des défis majeurs pour le pays.
Le développement du lithium nigérian dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à réguler le secteur, à attirer de nouveaux investisseurs et à sécuriser les zones d’exploitation. La dynamique actuelle montre un intérêt croissant pour ce minerai stratégique, avec des opportunités économiques substantielles pour le pays et ses acteurs industriels.