Le Nautica, supertanker acheté par l’ONU pour recueillir la cargaison d’un pétrolier abandonné au large du Yémen en guerre, a quitté la Chine jeudi, « étape importante » d’une opération pour éviter une marée noire en mer Rouge, a annoncé l’ONU, soulignant le besoin urgent de financements.
En mars, l’ONU avait annoncé avoir acheté un immense navire-citerne pour pouvoir transvaser l’équivalent d’un peu plus d’un million de barils du pétrolier FSO Safer ancré au large du port stratégique de Hodeida (ouest du Yémen), qui risque à tout moment de se briser, d’exploser ou de prendre feu, selon des experts.
Le Nautica, qui était en cale sèche à Zhoushan, en Chine, « pour maintenance régulière et modifications », a quitté le port mercredi, a précisé dans un communiqué le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui pilote l’opération. Le navire, attendu sur zone début mai, doit faire un arrêt en route pour d’autres modifications techniques, a précisé un porte-parole de l’ONU. « Le départ du Nautica et son voyage vers la mer Rouge est une nouvelle étape importante dans une opération complexe pour récupérer le pétrole du Safer », a commenté le patron du PNUD Achim Steiner, évoquant un « point culminant après des mois de préparation et de coordination ».
« Nous sommes dans une course contre la montre et j’appelle les gouvernements, les PDG d’entreprises et tout individu en position de le faire à nous aider pour maintenir le cap de cette opération qui approche de son étape critique, » a-t-il plaidé. L’ONU, qui a même lancé une campagne de financement participatif (https://www.un.org/StopRedSeaSpill), n’a pour l’instant pas les fonds nécessaires pour assurer cette opération dont le budget a explosé.
Au 4 avril, 95 millions de dollars avaient été promis, sur les 129 millions nécessaires pour la première phase du sauvetage. « Nous avons besoin des derniers financements ce mois-ci pour assurer un succès », a souligné David Gressly, coordinateur de l’ONU pour le Yémen, estimant que le départ du Nautica « nous rapproche de la possibilité d’empêcher une catastrophe ».
Vieux d’environ 45 ans, le FSO Safer, qui sert de terminal flottant de stockage et de déchargement, n’a pas été entretenu depuis 2015 alors que le Yémen est plongé dans l’une des pires crises humanitaires au monde en raison de la guerre qui oppose le pouvoir aux rebelles Houthis.
Selon l’ONU, le Safer contient quatre fois la quantité de pétrole de l’Exxon Valdez, le pétrolier qui a provoqué en 1989 l’une des plus grandes catastrophes environnementales de l’histoire des Etats-Unis.