Le gouvernement du Mozambique a approuvé la reprise du projet gazier Golfinho/Atum, porté par TotalEnergies, tout en lançant un audit destiné à évaluer les coûts accumulés durant sa suspension. Le projet avait été mis à l’arrêt après une attaque meurtrière perpétrée en 2021 dans la ville de Palma, située à proximité du site. L’évaluation des dépenses s’inscrit dans une démarche de contrôle avant toute validation définitive de la relance des travaux.
Un projet à 20 milliards $ en attente de relance
Avec un investissement initial estimé à 20 milliards de dollars, ce développement de gaz naturel liquéfié est considéré comme l’un des plus importants d’Afrique australe. Selon les autorités, l’audit portera spécifiquement sur la période de force majeure déclarée par TotalEnergies à la suite de l’attaque. Le groupe français a officiellement demandé une compensation de 4,5 milliards de dollars (environ €4,19bn) correspondant au surcoût généré par cette suspension prolongée, ainsi qu’une extension de la concession de dix ans.
Conditions de redémarrage et incertitudes juridiques
Le gouvernement mozambicain n’a pas encore indiqué s’il comptait accéder aux demandes formulées par TotalEnergies. Dans un courrier adressé au président Filipe Nyusi, le groupe a précisé espérer relancer la production en 2029, sous réserve de l’approbation de son nouveau plan de développement. La major française détient une participation de 26,5 % dans le projet, dont elle est également maître d’œuvre.
Parallèlement, TotalEnergies fait face à plusieurs procédures judiciaires en France. Une information a été ouverte pour homicide involontaire à la suite des plaintes de survivants de l’attaque de Palma, qui reprochent à l’entreprise de ne pas avoir garanti la sécurité de ses sous-traitants. Une autre plainte déposée à Paris lundi par l’ONG European Center for Constitutional and Human Rights vise la société pour complicité présumée de crimes de guerre.
Une relance stratégique pour le Mozambique
Le retour à l’activité de ce projet pourrait repositionner le Mozambique sur la carte mondiale du gaz naturel. Selon une étude publiée en 2024 par le cabinet Deloitte, les projets menés par TotalEnergies, ENI et ExxonMobil pourraient propulser le pays parmi les dix premiers producteurs mondiaux, avec une contribution estimée à 20 % de la production africaine d’ici 2040.
L’insécurité reste toutefois un facteur déterminant. L’insurrection dans la province du Cabo Delgado, conduite par un groupe affilié à l’organisation État islamique, a causé plus de 6 300 morts depuis 2017. Des témoignages rapportés par le média Politico évoquent également des exactions commises par les forces armées mozambicaines autour du site gazier.