Le ministre saoudien de l’énergie, Prince Abdulaziz bin Salman, a affirmé que les scénarios de zéro émission nette d’ici 2050 relèvent d’une vision irréaliste. Intervenant au Forum de l’Initiative Verte de Riyad, il a mis en garde contre une approche déconnectée des réalités économiques et énergétiques mondiales.
Des objectifs mondiaux jugés irréalisables
Prince Abdulaziz a rappelé qu’il avait dès 2021 qualifié ces scénarios de « La La Land », une référence à leur caractère utopique. « Nous vivons actuellement un réveil réaliste entre ce qui est imaginé et ce qui peut réellement être atteint », a-t-il déclaré. Le ministre a souligné que sans une sécurité énergétique solide, les efforts pour atteindre des objectifs climatiques et économiques seront compromis.
L’Arabie saoudite, acteur majeur sur la scène énergétique mondiale, maintient ses engagements avec un objectif de neutralité carbone d’ici 2060 et des efforts spécifiques de Saudi Aramco, visant la neutralité pour ses émissions directes (Scope 1) et indirectes (Scope 2) d’ici 2050. Cependant, ces engagements s’inscrivent dans une stratégie prudente et pragmatique.
La croissance continue de la demande pétrolière
Amin Nasser, PDG de Saudi Aramco, a souligné que les prévisions mondiales montrent une augmentation de la demande de pétrole, portée par les marchés asiatiques et les projets de conversion de liquides en produits chimiques. Selon Nasser, la transition énergétique mondiale est loin de répondre à la demande actuelle. Sur les 1,6 milliard de véhicules en circulation, seuls 60 millions sont électriques, et la demande en carburants traditionnels reste donc en croissance.
Les chiffres soutiennent cette vision : bien que des mandats politiques accélèrent l’électrification, l’ajout net de véhicules thermiques sur le marché mondial dépasse encore largement le déploiement des alternatives électriques.
La sécurité énergétique en tête des priorités
Le ministre saoudien a insisté sur l’importance de garantir des approvisionnements énergétiques stables, une condition essentielle pour maintenir la stabilité économique mondiale. « L’énergie ne peut être considérée comme un choix facultatif », a-t-il déclaré, soulignant l’impact des conflits récents, notamment en Ukraine et au Moyen-Orient, sur les infrastructures et les routes d’approvisionnement.
Ces perturbations, combinées à des stratégies de transition parfois mal adaptées, augmentent le risque de crises énergétiques majeures. Le ministre a appelé à une meilleure coordination internationale pour éviter des déséquilibres entre offre et demande.
Implication dans les négociations climatiques
L’Arabie saoudite a renforcé son rôle dans les négociations climatiques, notamment lors de la récente conférence de l’ONU sur le climat à Bakou. Tout en réaffirmant son engagement envers la durabilité, le pays continue de défendre une approche réaliste qui tient compte de la sécurité énergétique et des impératifs économiques.