Depuis le début de la guerre civile au Yémen en 2014, le pays a connu une chute spectaculaire de sa production de pétrole et de gaz. Ancien acteur majeur du marché énergétique mondial, le Yémen a vu sa production pétrolière culminer à 450 000 barils par jour (b/j) en 2001. Aujourd’hui, la production peine à atteindre 10 000 b/j, une baisse attribuée en grande partie à l’épuisement des champs pétrolières, au manque d’investissements et à la destruction généralisée causée par le conflit.
La chute de la production pétrolière
Le ministre yéménite du pétrole, Saeed Suleiman al-Shamasi, a exprimé une préoccupation majeure lors de la conférence EYGPES à Le Caire, le 17 février 2025. Il a appelé l’Iran à mettre fin à son soutien aux rebelles Houthis, lesquels ont ciblé les infrastructures énergétiques du pays. Ces attaques ont entraîné une perte de plus de 2 milliards de dollars en recettes pétrolières et gazières.
Yemen LNG, l’unique exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) du pays, a dû cesser ses activités en raison de la guerre. Le terminal de Balhaf, qui avait une capacité d’exportation annuelle de 6,7 millions de tonnes, est toujours fermé en raison de l’occupation houthie et des attaques sur les infrastructures. Cette situation a mis un frein aux relations commerciales, notamment avec des entreprises telles que Total et Kogas.
Les défis du Yémen pour relancer ses exportations de gaz
Le gaz naturel, autrefois exporté principalement vers l’Asie de l’Est, pourrait fournir les fonds nécessaires pour la reconstruction du Yémen. Toutefois, la guerre et le contrôle des Houthis sur les infrastructures clés du secteur énergétique rendent ces efforts difficiles. Le ministre al-Shamasi a souligné que seule la fin du soutien iranien aux Houthis pourrait permettre de relancer l’exportation de gaz naturel et ainsi revitaliser l’économie yéménite.
Le rôle géopolitique de l’Iran dans la crise
Le soutien iranien aux Houthis fait partie d’une stratégie régionale plus large visant à étendre son influence au Moyen-Orient et à contrer la domination de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis. Les Houthis ont réussi à maintenir leur emprise sur des territoires stratégiques, tout en développant des armes sophistiquées, y compris des missiles capables de perturber le commerce maritime vital du détroit de Bab el-Mandeb et du golfe d’Aden.
Les sanctions internationales et le manque d’investissement
Le 17 février 2025, les États-Unis ont intensifié leur pression en imposant des sanctions contre des entités iraniennes et liées aux Houthis, impliquées dans le commerce du pétrole et de la pétrochimie. Ces sanctions visent à réduire les financements des activités déstabilisatrices et à affaiblir les Houthis, tout en renforçant l’appel international à la cessation du soutien iranien.
Malgré ces mesures, le conflit reste profondément ancré, avec des négociations de paix qui stagnent. Les Houthis, en exigeant une part substantielle des revenus pétroliers futurs, compliquent les efforts pour trouver une solution unifiée, alors que le contrôle des ressources énergétiques du pays reste un point de friction majeur.
Impact humanitaire et économique du conflit
Les répercussions humanitaires du conflit sont dévastatrices. Le Yémen, déjà l’un des pays les plus pauvres du monde arabe, subit de plein fouet la destruction de ses infrastructures essentielles. Les millions de personnes déplacées et les centaines de milliers de victimes font face à une crise humanitaire qui s’aggrave de jour en jour, exacerbée par la guerre et la destruction des ressources énergétiques.
Impact sur le marché énergétique mondial
L’impact de la chute de la production énergétique du Yémen va au-delà des frontières du pays. La perturbation des exportations de pétrole et de gaz, en particulier dans une région clé pour le commerce maritime mondial, a des répercussions sur l’approvisionnement énergétique global. Le détroit de Bab el-Mandeb, reliant la mer Rouge au golfe d’Aden, est un passage stratégique pour les tankers transportant du pétrole, et toute perturbation de cette zone a des effets en chaîne sur les marchés mondiaux de l’énergie.